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Comme cette Commission est composée entièrement d’élèves de l’École des chartes, qui ont des raisons particulières pour être hostiles à M. Libri ; — comme cette Commission a été dissoute une fois et reconstituée pour se débarrasser d’un membre impartial ; — comme il est défendu au domestique lui-même d’être dans l’appartement (la raison qui a été donnée est qu’il gênait les commissaires) ; comme ce domestique ne peut pas inspecter ce qu’ils apportent et ce qu’ils remportent, M. Libri a quelque raison de donner à entendre qu’il pourrait bien sortir de sa bibliothèque des livres qui n’en ont jamais fait partie. Si, un jour ou l’autre, on trouve une bonne collection de livres volés dans les appartements de M. Libri, ce sera une question délicate de savoir qui les y aura mis. Une année et demie écoulée sans qu’on ait rendu compte d’un si grand nombre de visites, de ces entrées et sorties des commissaires et des livres, fera naître de très-forts soupçons, à moins que des explications très-claires ne soient données et soutenues.

Maintenant passons à la principale substance du second écrit de M. Libri. Nous avons depuis longtemps pensé que des vols commis dans les bibliothèques de France étaient et sont très-communs : il y a à Londres tant de livres à vendre portant les estampilles de ces bibliothèques ! Nous avons eu sous les yeux, il y a peu de temps, un rapport fait par d’Alembert à l’Institut, et contresigné par Clairaut, qui devait évidemment avoir été volé. À la première réfutation des accusations dirigées contre M. Libri, nous n’avons pas pu nous empêcher de nous imaginer que les gens qui avaient publié le Rapport Boucly ; considéraient le métier de voleur de livres comme si commun, qu’ils pensaient réellement que le moindre témoignage suffirait pour faire croire au public qu’un homme qui avait des livres devait en avoir volé au moins une partie. En Angleterre, quand on vent perdre un homme, on l’appelle un tripotier (jobber), en France, un voleur de livres ; M. Libri a beaucoup à dire sur les pratiques qui sont maintenant de mode. Il prouve, par un écrit de la main de celui qu’il employait au catalogue de ses livres, qu’il avait donné des instructions pour qu’on mit à part tous les livres estampillés, afin qu’ils fussent rendus aux bibliothèques dont ils portaient l’estampille, et qu’il rendait constamment les livres ainsi estampillés qu’il avait lui-même achetés, Mais il donne aux Français une leçon si remplie d’esprit et d’une sévérité si