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tout des alliés plus dignes d’émouvoir leurs sympathies. Que le misérable fracas des contradictions qui restent encore à débrouiller en Toscane, à Rome et en Sicile, ne les empêche pas d’avoir l’œil ouvert sur les affaires du Danube et sur les périls de la Turquie ; il y a là du moins des hommes contre des hommes.

Nous ne nous chargeons pas de prévoir l’attitude que vont prendre les républicains de Rome et de Florence à présent que l’épée de l’Italie est brisée dans les seules mains capables de la tenir. Il n’est pas impossible que beaucoup des plus fameux imitent l’exemple de M. Brofferio, et sauvent la république en l’emportant avec eux loin des balles autrichiennes ; toujours est-il qu’il n’y a rien d’encourageant à négocier pour des patriotes qui, menacés par l’invasion imminente de l’étranger, ne savent encore que faire des emprunts forcés aux riches, afin d’avoir de quoi payer des condottieri et ménager leur peau. Voyez seulement à quoi nous mène l’a médiation sicilienne. L’ultimatum royal, débattu par les représentans de la France et de l’Angleterre, était d’un aveu unanime aussi raisonnable qu’on avait droit de l’attendre d’une si haute intervention ; on avait même obtenu que Palerme ne fût pas occupée par les troupes royales et restât exclusivement confiée à la garde de sa milice civique. On pouvait espérer que les Siciliens écouteraient les amiraux des puissances médiatrices, partis eux-mêmes, le 4 mars, pour appuyer cet ultimatum de leur présence et de leurs recommandations. Les nouvelles de Sicile ne paraissent pas jusqu’ici confirmer cet espoir, à moins que le triomphe de l’Autriche ne donne à réfléchir aux Palermitains.

C’est toujours la Hollande qu’il faut considérer quand on veut voir les vicissitudes politiques se dérouler avec le calme pacifique du bon sens. La mort du roi Guillaume II, qui n’avait encore que cinquante-six ans, a surpris tout le monde. Son successeur n’ayant pas jusqu’à présent une grande popularité, l’on aurait pu craindre quelque agitation. Il n’en a pas même été bruit, et le pays, confiant dans la bonté de son système constitutionnel, a tranquillement attendu la proclamation du 21 mars dernier, par laquelle le nouveau roi Guillaume III l’a tout de suite rassuré sur ses intentions ultérieures,


Manuel d’histoire de la philosophie, par D. Tomas Garcia Luna, professeur à l’Athénée de Madrid[1]. — Les études philosophiques ont été fort négligées en Espagne. En pouvait-il être autrement dans un pays où les formules les plus stériles de la logique et le droit canon étaient encore, il y a quinze ans, le complément officiel de la science ? L’esprit espagnol a tenté cependant plus d’une fois d’échapper au cercle de fer où l’emprisonnaient et les traditions d’une scholastique étroite et les ombrageuses susceptibilités de l’inquisition. Sans parler des écrivains ascétiques, tels que saint Jean de la Croix, sainte Thérèse, Rivadeneyra, Malon de Chaide, Granada et Léon, chez qui le mysticisme sert souvent d’enveloppe aux plus audacieuses déductions du raisonnement, l’Espagne a fourni à la philosophie proprement dite un contingent assez nombreux. À des titres divers, Luis Vives, Simon Abril, Sanchez de las Brozas, Paton, Juan Huarte et Quevedo ont leur place marquée dans la filiation de la pensée humaine. S’ils sont restés obscurs pour nous, c’est qu’aucun d’eux n’a osé présenter un

  1. Madrid, imprenta de la publicidad, a cargo de M. Rivadeneyra.