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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE DUC DE GUISE.

Voyez-vous quelque chose ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Non.

LE DUC DE GUISE.

Mon pauvre Charles, vous ne faites que de l’eau claire !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Patience, patience… Eh ! mais, voyez… voilà des lettres ; elles noircissent, nous allons très bien lire… Seigneur Dieu ! c’est admirable !… l’avais bien ouï parler de ces encres invisibles, mais je n’y croyais pas.

LE DUC DE GUISE.

Voyons, lisez.

LE CARDINAL DE LORRAINE, après avoir parcouru les premières lignes.

François, nous les tenons !

LE DUC DE GUISE.

Comment ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Nous les tenons, vous dis-je… Écoutez, c’est d’Ardois qui écrit.

LE DUC DE GUISE.

Le secrétaire du connétable… Voyons ce qu’il dit, ce petit garnement !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Il s’adresse à Condé…

LE DUC DE GUISE.

C’est bien, mais lisez donc.

LE CARDINAL DE LORRAINE, lisant.

« Monseigneur, les Maligny vont bien ; tous leurs fils sont tendus. Le jour où votre altesse donnera le signal, ils seront maîtres de Lyon… »

LE DUC DE GUISE.

C’était donc vrai ! ce vieux limier de Saint-André les avait éventés ! Avons-nous fait sagement de lui donner ces trois cornettes ! Il aura paré le coup… Mais continuez.

LE CARDINAL DE LORRAINE, lisant.

« Envoyez du monde à Montbrun, il est serré de près dans Valence. Tout le reste est en bonne voie. L’amiral, sans faire semblant, met la main sur la Normandie… »

LE DUC DE GUISE.

C’est ce qu’il faudra voir !

LE CARDINAL DE LORRAINE, continuant.

« Senarpont tient son gouvernement de Picardie à votre dévotion, et d’Estampes vous répond de sa Bretagne… »