Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
LES ÉTATS D’ORLÉANS.

sceaux dans la main de L’Hospital, l’édit de Romorantin, si vous m’eussiez soutenu, subirions-nous tous ces fléaux ? Je sais que, pour changer ainsi, les bonnes raisons ne vous ont pas manqué ; mais enfin, cette fois, je veux être certain, quoiqu’il arrive, que vous irez jusqu’au bout.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Je serais tenté de vous chercher querelle ; mais j’aime mieux vous rassurer. Soyez tranquille, quoi qu’il arrive, nous ferons route ensemble.

LE DUC DE GUISE.

Ce mot de sang royal sonne très haut à bien des oreilles. Il s’élèvera des cris de haro, il faut vous y attendre.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Je suis sourd à ces cris-là ! mon cher François, j’ai tout prévu. Je sais tout ce qu’on dira ; mais mon parti est pris, irrévocablement pris. Que Dieu nous fasse la grâce d’amener Condé dans nos mains, et je vous promets de l’envoyer promptement dans les siennes.

LE DUC DE GUISE.

Quant à Navarre, faut-il lui faire l’honneur de le croire dangereux ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Qui sait ? quand l’autre ne sera plus…

LE DUC DE GUISE.

C’est possible !… Alors comme alors… (On frappe à la porte.)

Qui va là ?

M. DE BRÉZÉ, derrière la porte.

Monseigneur…

LE DUC DE GUISE, ouvrant la porte.

C’est vous, Brézé ? Que voulez-vous ?

M. DE BRÉZÉ, entrant.

Un homme qui arrive de Lyon, un officier du maréchal, vous apporte cette lettre, monseigneur.

LE DUC DE GUISE.

Donnez… C’est bien, Brézé. (M. de Brézé sort. Le duc de Guise ouvre la lettre.)

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Que dit-il, Saint-André ?

LE DUC DE GUISE.

Les Maligny sont pris ! partie gagnée ! Lyon nous reste fidèle !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Vive Dieu !

LE DUC DE GUISE.

J’en avais bon sentiment !