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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

serais bien chagrin. Je lui ai fait conduire ce matin hors du faubourg sa belle haquenée blanche et ce manteau de drap d’argent que lui broda sa pauvre mère…

LA REINE-MÈRE.

Vous voulez donc qu’elle fasse tourner toutes les têtes ? Messieurs des états n’ont qu’à se bien tenir.

Mme  DE MONTPENSIER.

Allez, monsieur Stewart, la reine vous permet…

LA REINE-MÈRE.

Dites à mon fils que je l’attends ici. (Robert Stewart sort.)



Scène IV.

LA REINE-MÈRE, Mme  DE MONTPENSIER.
Mme  DE MONTPENSIER.

Comme il court ! Le voilà bien content ! Son visage ne s’épanouit que quand il parle de la reine. Pour tout le reste, il est à moitié fou.

LA REINE-MÈRE.

Oui, fou, et mauvais fou ! Il y a dans sa voix, dans son regard, je ne sais quoi d’étrange et de sinistre. Par moment, ses paroles me troublaient. Je riais tout à l’heure du cardinal, j’avais tort. On est coupable de laisser un tel homme si près de ces enfans… Ces têtes-là sont capables de tout.

Mme  DE MONTPENSIER.

Mais non, madame, c’est le meilleur homme du monde, aussi doux qu’il est pieux.

LA REINE-MÈRE.

Vous le connaissez donc ? Je vous y prends… Ces piétés-là ne sont pas de bon aloi, duchesse. J’avertirai mon fils… Mais non, sa chère Marie dirait encore que je la persécute. Après tout, que ses oncles s’en chargent !

Mme  DE MONTPENSIER.

Ils voudraient bien le congédier, je le tiens de M. de Nevers ; mais la reine…

LA REINE-MÈRE.

Elle ose donc leur résister ?

Mme  DE MONTPENSIER.

Plus souvent qu’on ne pense, madame.

LA REINE-MÈRE.

Vraiment ? j’aurais cru que tout était pour moi.

(On entend les cloches de toutes les paroisses. Mme  de Montpensier s’approche de la fenêtre. La reine reste assise près de la table.)