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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

Saint-Germain, ma mère. La secousse a été rude, et, si cette chère Marie ne m’eût tendu la main, je crois en vérité que je me laissais choir.

LA REINE-MÈRE, bas.

Maudit présage ! (Haut.) Vous ne teniez donc pas votre cheval ?

LE ROI.

Pardonnez-moi, et son pied est si sûr, que jamais il ne bronche. Il aura rencontré quelque mauvais regard… Cypierre a beau dire, il n’a pas mis en cage tous les huguenots d’Orléans ; il y en avait bien quelques-uns dans cette foule.

LA REINE-MÈRE.

M. de Cypierre a été bien vite, mon fils ! — vous aurez remarqué l’absence du bailli…

LE ROI.

Ah ! oui ; ç’a toujours été une harangue de moins. Ce n’est pas que je lui en veuille à celui-là. Vous savez, ma mère, c’est ce M. Groslot qui vient toujours nous saluer quand nous chassons à Chambord. Un bon vivant, ma foi, et que j’estimais fort pour sa manière de remiser les faucons.

LA REINE-MÈRE.

Ces pauvres échevins n’ont rien osé vous dire, mais ils sont tout tremblans ; leur bailli prisonnier, tous ces soldats dans leurs maisons ! Est-ce donc vous, mon fils, qui faites faire ces belles choses ! traiter ainsi cette bonne ville, au moment d’ouvrir vos états !…

LE ROI.

Valait-il mieux nous laisser prendre ?

LA REINE-MÈRE.

Et qui songe à vous attaquer ?

LE ROI.

Qui, bonne mère ? vous le saurez par le menu. Quand mes oncles seront là, demandez-leur, ils en ont à vous dire.

LA REINE-MÈRE.

Où sont-ils donc, messieurs vos oncles ?

LE ROI.

Ils nous suivent de près.

LA REINE-MÈRE.

Pourquoi n’être pas entrés avec vous ?

LA REINE, en souriant.

Pour couper court aux mauvais propos et montrer que le roi sait marcher sans lisières.

LA REINE-MÈRE.

On n’est pas plus généreux ! (A part.) Quelle comédie ! (Se rapprochant du roi et baissant un peu la voix.) François, mon cher fils, il y a trop de monde