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REVUE DES DEUX MONDES.
LE DUC DE GUISE.

Encore un Gascon de plus à votre solde !  

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Depuis trois mois seulement.

LE DUC DE GUISE.

Ce n’est pas assez de Jarnac et de sa bande ? Ils ne vous coûtent pas assez cher pour les pauvretés qu’ils vous envoient ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Celui-ci vient en personne, ce qui vaut mieux, et je le paie en espérances.

LE DUC DE GUISE.

Vous lui promettez donc beaucoup ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Une misère ; les sceaux de France !

LE DUC DE GUISE.

Et il vous croit ? C’est donc un sot. Pauvre chose qu’un espion crédule !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Chut ! Vous allez voir qu’il sait son métier.



Scène XIII.

Les mêmes, BOUCHARD.


LE CARDINAL DE LORRAINE, à Bouchard, qui entre avec précaution.

Entrez, monsieur le chancelier ; nous sommes seuls, et vous ne pouvez être surpris.

BOUCHARD.

Je ne crains rien, messeigneurs… Si pourtant il était possible que la duchesse ne me vît pas avec vous… Autant vaudrait que le roi me vît lui-même.

LE DUC DE GUISE, regardant son frère.

Ils sont donc toujours très bien ?

BOUCHARD.

Pas assez pour s’aimer, monseigneur, mais assez pour s’écrire.

LE CARDINAL DE LORRAINE, s’asseyant.

Soyez tranquille, personne ne peut venir sans que nous soyons avertis. Mais parlez, et d’abord, monsieur Bouchard, dites-nous ce que contiennent ces deux lettres qu’on a remises ce matin à la reine.

BOUCHARD.

Hélas ! monseigneur, le contraire de ce que j’espérais. Tout marchait