Le Navarrais peut-être, mais Condé…
Condé aussi.
Bouchard ne le croit pas.
Laissez donc là votre Bouchard. Moi, je connais Condé : que son frère vienne, il viendra. Le voyage est périlleux, raison de plus. Jamais il ne souffrira qu’un autre ait l’air d’avoir plus de cœur que lui. Ainsi attachez-vous au Navarrais. Il faut le rassurer, l’amadouer, lui persuader que le roi sera charmé de le voir, furieux s’il ne vient pas. En un mot, quelques menaces, beaucoup de cajoleries, la reine nous fera cela par excellence.
Soit, mais pas pour nos beaux yeux !
Bien entendu.
Vous n’avez pas envie, je pense, de lui demander un service ?
Dieu nous en garde ! tout serait perdu.
Vous voulez qu’elle nous serve en croyant travailler pour elle ?
Tout juste.
Et le moyen, s’il vous plaît ?
Dame ! il faut du savoir-faire ! vous n’en manquez pas, seigneur ; escrimez-vous.
Pour prendre si fine mouche, ce n’est pas trop d’être deux. Vous m’aiderez, j’espère ?
J’y ferai mon possible. Tâchez surtout qu’elle ne soupçonne pas quel accueil vous réservez à ses chers voyageurs.
Il y a mieux : je voudrais l’amener à croire que leur présence aux états nous serait un gros ennui.
Ceci me plaît assez.