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REVUE DES DEUX MONDES.
LE CARDINAL DE LORRAINE.

Le Navarrais peut-être, mais Condé…

LE DUC DE GUISE.

Condé aussi.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Bouchard ne le croit pas.

LE DUC DE GUISE.

Laissez donc là votre Bouchard. Moi, je connais Condé : que son frère vienne, il viendra. Le voyage est périlleux, raison de plus. Jamais il ne souffrira qu’un autre ait l’air d’avoir plus de cœur que lui. Ainsi attachez-vous au Navarrais. Il faut le rassurer, l’amadouer, lui persuader que le roi sera charmé de le voir, furieux s’il ne vient pas. En un mot, quelques menaces, beaucoup de cajoleries, la reine nous fera cela par excellence.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Soit, mais pas pour nos beaux yeux !

LE DUC DE GUISE.

Bien entendu.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Vous n’avez pas envie, je pense, de lui demander un service ?

LE DUC DE GUISE.

Dieu nous en garde ! tout serait perdu.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Vous voulez qu’elle nous serve en croyant travailler pour elle ?

LE DUC DE GUISE.

Tout juste.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Et le moyen, s’il vous plaît ?

LE DUC DE GUISE.

Dame ! il faut du savoir-faire ! vous n’en manquez pas, seigneur ; escrimez-vous.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Pour prendre si fine mouche, ce n’est pas trop d’être deux. Vous m’aiderez, j’espère ?

LE DUC DE GUISE.

J’y ferai mon possible. Tâchez surtout qu’elle ne soupçonne pas quel accueil vous réservez à ses chers voyageurs.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Il y a mieux : je voudrais l’amener à croire que leur présence aux états nous serait un gros ennui.

LE DUC DE GUISE.

Ceci me plaît assez.