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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE CARDINAL DE LORRAINE.

Au chemin de la paix, de la concorde !… Que ces gens-là pourraient faire de bien pour le service du roi !…

LA REINE-MÈRE.

Je ne me sens pas d’aise, cardinal, de vous voir dans ces sentimens.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Par malheur, je n’y puis rien.

LA REINE-MÈRE.

Vous pouvez, ce me semble…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Faire des vœux ; mais les faire venir !…

LA REINE-MÈRE.

Croyez-vous donc…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Je crois qu’ils ne viendront ni pour Dieu, ni pour diable !

LA REINE-MÈRE.

Qui sait ? on peut essayer…

LE DUC DE GUISE.

La reine comprend que ni mon frère, ni moi, nous ne saurions…

LA REINE-MÈRE.

Non, mais le roi.

LE DUC DE GUISE.

Le roi a écrit à ses cousins, ont-ils seulement répondu ?

LA REINE-MÈRE.

C’est à moi, entre nous, qu’ils ont adressé leurs excuses. S’ils eussent osé écrire au roi, j’en augurerais plus mal. Il leur reste une porte ouverte, et nous pouvons encore…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Que la reine y mette le bout du doigt, et je retire mes paroles ; rien n’est plus impossible ; d’un coup de sa baguette…

LA REINE-MÈRE.

Non, non, ce n’est qu’avec vous, messieurs, ce n’est que par vous… c’est-à-dire par le roi, que quelque chose peut être tenté.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Encore un coup, madame, il n’est que votre majesté pour faire de tels miracles ! L’honneur n’en doit être qu’à vous.

LA REINE-MÈRE.

Non, messieurs, au roi seul ! Ce n’est pas moi qui déroberai jamais, pour m’en parer, un seul rayon de cette couronne que je ne porte plus. Ma seule ambition, c’est de travailler obscurément au bonheur et à la