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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

Bourbon y est encore, vous le prierez de nous attendre, et vous demanderez au roi s’il lui plaît de nous recevoir, MM. de Guise et moi. (L’huissier sort.) — Le cardinal n’amuse pas nos jeunes filles, et cette chère Marie est pour lui sans pitié. Mais c’est un homme de sens qui rapportera bien ce que nous allons lui dire.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Si la reine, de sa propre main, daignait leur adresser quelques lignes, ne serait-ce pas encore plus sûr ? J’en attendrais mieux que de tous les messages.

LA REINE-MÈRE.

L’un n’empêche pas l’autre, et, si vous le souhaitez… (Elle s’approche de la table et prend la plume.) peu de mots suffiront…..

LE DUC DE GUISE, debout et bas au cardinal.

Elle meurt d’envie de les voir ! Cela ne vous refroidit point ?

LE CARDINAL DE LORRAINE, bas.

Non, non, qu’ils viennent ; c’est la seule grâce que je demande à Dieu !

L’HUISSIER, rentrant et s’adressant à la reine.

M. le cardinal n’est plus chez le roi, madame, et voici le roi lui-même qui vient au-devant de messieurs ses oncles.

LA REINE-MÈRE, se levant et avec impatience.

Le roi… au devant de… (Elle s’interrompt et dit à l’huissier :) Le cardinal ne peut être loin ; qu’on le fasse chercher.


{{|SCÈNE|XVIII.}}

Les mêmes, LE ROI, LA REINE.


LE ROI, qui a entendu les derniers mots prononcés par sa mère.

Le cardinal ! Ah ! ma bonne mère, laissez-nous respirer : j’en ai joui près d’une heure.

LA REINE-MÈRE.

Non, mon fils, il faut qu’il vienne.

(Elle fait signe à l’huissier d’aller chercher le cardinal. — L’huissier sort.)
LE ROI.

Alors vous voulez nous chasser ?

(Le roi s’approche de ses oncles et leur donne affectueusement la main.)
LA REINE-MÈRE.

Non, certes, mes chers enfans, restez : nous avons besoin de vous.

LE ROI, à sa mère.

Mais qu’en ferez-vous, de ce cardinal !… Quel fléau que les cousins, bon Dieu !