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LA MARINE FRANÇAISE


EN 1849.




Il n’est pas rare d’entendre le même censeur demander simultanément la réduction des crédits de la marine et l’accroissement de ses opérations.
Boursaint, Écrits divers, page 64.


De tous les labeurs imposés à l’homme pour vivre et dominer sur notre globe, il n’en est point qui coûtent autant à son génie et lui fassent plus d’honneur que la lutte contre la mer. Il semble que la navigation soit un effort contre nature. Panurge, dont la verve rieuse couvre le plus souvent un sens si profond, s’écrie, au plus fort de la tempête : « O que trois et quatre fois heureux sont ceux qui plantent choux !… car ils ont tousiours en terre ung pied, l’autre n’en est pas loin[1]… Ceux qui sur mer nauigent, tant sont près du continuel danger de mort qu’ils vinent mourans et meurent viuans[2]. » Aussi les peuples qui habitent des contrées spacieuses et fécondes, sous un climat tempéré, ne

  1. Rabelais, Pantagruel, liv. IV, chap. XVII.
  2. Ibid., chap. XXIV.