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La réserve serait convenablement composée de

12 vaisseaux (à voiles)
30 frégates (idem)
10 frégates (à vapeur)
20 corvettes (idem)
Ensemble 72 bâtimens qui porteraient 28,000 hommes d’équipage et 600 officiers.

Cette réserve serait suffisante, pourvu qu’elle pût être rendue promptement disponible. Elle devrait être répartie par portions égales entre Toulon et les ports de l’Océan. Six vaisseaux en chantier à Toulon offriraient une ressource indispensable pour le remplacement des bâtimens qui auraient souffert dans le combat.

Des 40 vaisseaux adoptés comme base par la loi de 1816, 36 seulement, dans le système qui vient d’être exposé, seraient nécessaires au début de la guerre, ou du moins dans l’année qui suivrait la déclaration. Voici donc déjà 4 vaisseaux pour la réserve. De plus, la loi de 1846 a autorisé le ministre à mettre sur les chantiers, pour cette destination, un nombre indéterminé de vaisseaux à porter aux 14/24es d’avancement. La même faculté s’étend évidemment aux frégates et aux vapeurs. Pour ces derniers surtout, il est important de n’être pas pris au dépourvu. Une guerre avec l’Angleterre nous trouverait, quant à la flotte à vapeur légère, c’est-à-dire quant au moyen de passer la Manche, dans un état d’infériorité dont on ne se rend pas suffisamment compte de ce côté du détroit. Indépendamment de ses vapeurs de guerre, le gouvernement anglais pourrait disposer, aussitôt les hostilités engagées, d’un nombre considérable de steamers du commerce. Il en trouverait facilement au-delà de mille. Notre industrie est bien loin de pouvoir donner un tel secours, et les ressources qu’elle tiendrait en réserve pour une guerre doivent à peine être comptées. Il faut donc être prêt à pouvoir produire rapidement un large complément à la force active en vapeurs.

Au surplus, tout ce qui précède est matière à discussion. Un plan de guerre maritime ne s’improvise point. Il ne se fixe pas du premier coup sous la plume, et s’il était, en effet, donné aux hommes qui ne sont pas du métier d’indiquer un système précis, ils devraient le réserver pour les conseils du gouvernement et ne pas le livrer aux hasards de la publicité. Nous sommes certain de n’avoir rien à nous reprocher de ce côté. Nous avons visé uniquement à établir deux principes qui pourraient être méconnus par les personnes étrangères à la marine : le premier, c’est que l’action de la flotte ne saurait, sans de graves périls, être concentrée exclusivement dans la Méditerranée, et que la France ne sera libre d’agir dans la Méditerranée qu’autant qu’elle sera en mesure d’opérer sur l’Océan ; le deuxième, c’est que le gouvernement ne saurait trop tôt déterminer