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Tourville se conformait plus facilement à ces instructions que son illustre devancier. On cite une année où il tint la mer pendant douze mois sans rentrer au port. Il se ravitaillait au large.

L’obligation de naviguer beaucoup entraîne l’emploi de navires plus marins que les bâtimens de flottille. Des frégates, des corvettes, surtout des bricks, des vapeurs, se prêteront à ce genre de service. On y trouvera d’ailleurs l’avantage d’avoir un noyau de croisières propres à opérer militairement en cas de guerre. Six divisions de trois à sept bâtimens, dans chacune desquelles se trouveraient au moins une frégate et un vapeur, pourvoiraient, suivant des juges compétens, à toutes les nécessités de ce service, parmi lesquelles il ne faut pas omettre la protection à donner à nos pêcheries de Terre-Neuve, d’Islande et d’Écosse, ces précieuses pépinières de matelots. 28 bâtimens, dont 17 voiles et 11 vapeurs, portant ensemble moins de 5, 000 hommes, en formeraient l’effectif. Ces divisions seraient échelonnées et divisées de telle sorte qu’elles pussent correspondre, et qu’au premier bruit de guerre elles fussent en mesure de se grouper soit autour des Antilles, soit autour de la Réunion et de Mayotte.

Disons tout de suite un mot d’une cinquième catégorie, classée sous le titre services divers, bien qu’elle occupe le dernier rang sur notre tableau de la force active. Parmi ces services, nous avons placé la frégate-école de canonniers-marins, une des meilleures institutions dont la marine ait été dotée. La dépense qu’elle coûte sera amplement compensée par la supériorité qu’elle assure à notre artillerie navale, et dont les effets se manifesteront au premier combat. En tout autre temps, nous proposerions d’affecter à cette école un vaisseau de quatrième rang au lieu d’une frégate ; mais l’essentiel est assuré. Il faut tenir compte des nécessités d’économie. 9 autres bâtimens sont classés sous le même titre ce sont les gabares destinées au transport des garnisons coloniales. Ce chiffre ne comporte pas la disponibilité de bâtimens pour les transports de matériel. Dans notre pensée, ils doivent être le plus souvent opérés par les navires du commerce, qui y trouveront un peu de fret. D’ailleurs, les transports opérés par cette voie coûteront moins cher à l’état. Les envois d’argent qui, remis au commerce, nécessiteraient le paiement de primes d’assurances très élevées, seront facilement confiés ou aux gabares qui porteront les garnisons ou aux navires expédiés pour le service des croisières.

Parmi les 2,250 hommes qu’il faudrait embarquer pour les services divers, on a compris les équipages des bâtimens-écoles et des navires de servitude.

Reste la catégorie des divisions d’évolutions. Elle a une relation directe et avec les croisières de protection du commerce et avec cette seconde partie des arméniens que nous appelons la réserve.