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Depuis plusieurs années, la France a dans la Méditerranée une force disponible qu’on appelle escadre d’évolutions. Cette pratique n’est pas, au reste, d’invention récente ; Colbert la recommandait. Il voulait que deux divisions navales fussent exercées à la mer, l’une dans la Méditerranée, l’autre dans l’Océan, et pour cette dernière il recommandait la navigation dans la Manche comme la plus instructive et aussi comme la plus politique. M. Portal, lorsqu’il présentait son budget systématique de 1820, exprimait le regret que cette tradition ne pût être observée avec les 65 millions qu’il déclarait indispensables à la marine. Cependant il destinait un vaisseau et quelques bâtimens inférieurs à former le noyau, pour mieux dire le simulacre, de cette escadre d’évolutions, la meilleure de toutes les écoles nautiques. Depuis lors les événemens politiques ont exigé l’entretien permanent, dans la Méditerranée, d’un certain nombre de vaisseaux. On en a compté jusqu’à 21 en 1840. Le nombre a varié suivant les circonstances. Il semble s’être fixé, depuis quelques années, à 6. Le projet de budget de 1849 le porte à 8, en y ajoutant quelques frégates-vapeurs. Si nos finances avaient recouvré la situation prospère qu’il est si nécessaire de leur rendre, ce ne serait pas 8 vaisseaux dont il faudrait demander l’armement, mais 12 ; ce n’est pas une escadre d’évolutions, mais deux escadres : une pour l’Océan, l’autre pour la Méditerranée. Ne pouvant armer deux escadres, on peut du moins avoir deux divisions navales : une de 4 vaisseaux à Toulon, une de 3 vaisseaux à Brest. À la division de Toulon nous ajoutons 1 frégate mixte ; à toutes les deux, 3 vapeurs, dont 1 frégate, 1 corvette et 1 aviso.


Réserve.

Pour compléter, en prévision de nécessités politiques, un armement respectable, nous formons une forte réserve établie à deux degrés, disponibilité et commission. Ici nous devons entrer dans des explications techniques.

D’après les règles actuelles du service, les bâtimens à flot sont divisés en cinq classes distinctes : le premier état, c’est-à-dire celui qui rapproche le plus le navire de l’immobilité du chantier, c’est l’état de désarmement ; le deuxième, qui est un progrès vers la mobilité, est l’état de commission de port ; le troisième, qui délivre le bâtiment des entraves du port, est la commission de rade ; le quatrième, qui le rapproche le plus de la faculté de prendre son vol sur les eaux, est la disponibilité de rade ; le cinquième et dernier est l’état d’armement. Le bâtiment n’est armé que lorsqu’il doit tenir la mer. On ne place guère dans les situations intermédiaires de commission de port, commission de rade et disponibilité, que les vaisseaux, les frégates à voiles et les vapeurs. Encore ces derniers n’occupent-ils jamais, depuis deux ou trois années, d’autre