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L’armement de la force active réclamerait 68,000 hommes. Celui de la réserve 28,000. Ensemble : 96,000

Mais il ne faudrait pas entendre qu’il s’agisse de 96,000 matelots. Ce chiffre comprend les états-majors, les officiers-mariniers, les novices, les mousses, catégories dont les bases de recrutement sont assurées. Il resterait, toutes ces déductions faites, environ 71,000 matelots dont le recrutement fournirait un tiers ; ce sont les deux tiers seulement, c’est-à-dire moins de 50,000 marins, qu’il faudrait prélever sur les 65,000 matelots de l’inscription maritime dont l’inspection générale de 1846 a constaté l’existence. On ne, doit pas perdre de vue d’ailleurs que la réserve et la force active ne seront, dans aucun cas, simultanément armées. Il n’y a pas dans notre histoire, exemple de la présence simultanée de 96,000 hommes sur les vaisseaux. Les plus grands armemens de Louis XIV n’ont jamais employé à la mer 40,000 hommes. On est habitué à se faire de fausses idées sur la force navale à cette époque. Nous donnons aux annexes (D) le tableau des armemens maritimes de la France de 1673 à 174.3. Nous en avons relevé les chiffres avec grand soin sur les annuaires de la marine[1]. C’est donc un document positif. On y verra qu’en 1690, année de la bataille de Sainte-Hélène, l’effectif des équipages embarqués sur 25 vaisseaux des premier et deuxième rangs, qui peuvent être assimilés de loin à nos vaisseaux, et sur 66 vaisseaux des troisième, quatrième et cinquième rangs, qui ne représentent pas la valeur militaire de nos frégates, a été de 33,715 hommes. En 1706, l’effectif est de 39,975 hommes[2]. On est étonné de trouver qu’en 1676, année de la guerre de Messine et de la mort de Ruyter, tué en combattant, il n’y a pas eu plus de 15,933 hommes embarqués. 1685, qui a vu pourtant la guerre contre Gênes, ne porte les équipages qu’à 4,118 hommes montés sur 27 bâtimens. Deux ans après la mort de Louis XIV, en 1717, tout l’armement maritime de la France se réduit à 4 bâtimens portant 460 hommes.

Nous regrettons de n’avoir pu recueillir des données précises sur les armemens maritimes de Louis XVI ; mais nous avons pu relever avec exactitude les armemens de l’empire[3] : nous les insérons aux annexes (E). Le moindre armement, sous Napoléon, a employé 44,000

  1. Archives de la marine.
  2. De 1675 à 1743 la moyenne des équipages a été, pour les vaisseaux des 2 premiers rangs, de 544 hommes ; pour les vaisseaux des 3 autres rangs, de 233 hommes ; pour les bâtimens légers, y compris les frégates (qui sont de véritables bricks), de 69 hommes.
  3. Relevé établi d’après les documens conservés aux archives de la secrétairerie d’état. La moyenne des équipages était, sous l’empire, à peu près le même qu’aujourd’hui, sauf pour les frégates où elle ne dépassait pas 300 hommes, tandis qu’elle s’élève actuellement à 425 hommes.