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dans ce système au secrétaire-général qui, chargé de veiller à l’ordre, serait surtout l’homme de la tradition. La conférence des directeurs, formée sous le ministère de M. l’amiral de Mackau et maintenue depuis lors, est un acheminement à la mesure proposée.

Ce n’est pas tout. Le conseil d’administration représente l’exécution dont il a l’initiative ; il prépare l’expédition des affaires, et chacun de ses membres l’assure. Mais l’exécution présuppose la pensée ; celle-ci existe aux côtés du ministre, personnifiée dans les inspecteurs-généraux des divers services de la marine, organes des besoins de leurs corps et bons juges des questions théoriques de leurs services. Si au premier rang de ces inspections générales on constituait un comité d’amiraux pour le corps des officiers de vaisseau ; si on instituait, en outre, des inspecteurs-généraux des corps administratifs, si on rapprochait des divers comités d’inspection le conseil des travaux, on aurait la base d’un véritable conseil théorique de la marine, le conseil d’amirauté. Les questions relatives au personnel de chaque corps seraient exclusivement du domaine des comités spéciaux. Les questions d’organisation et de service général, étudiées au premier degré dans le comité compétent, seraient soumises ensuite au conseil d’amirauté présidé par le ministre. C’est en conseil que seraient arrêtées les instructions d’inspection pour tous les corps et que seraient examinés les rapports des inspecteurs-généraux, quant aux questions organiques. Le système serait complet si le président, au moins, des commissions supérieures instituées à titre temporaire par le ministre était pris dans le sein du conseil d’amirauté, et si les rapports de ces commissions étaient soumis, soit au comité compétent, soit même à l’assemblée générale. Ce serait assurément un moyen de donner aux divers projets élaborés pour être présentés au ministre cette unité de vues qui fait si souvent défaut et qui serait si nécessaire en marine. Un tel système ne saurait fonctionner sans porter atteinte à l’unité de pouvoir administratif qu’il faut avant tout maintenir, si les membres du conseil, nommés pour plus de deux ans, pouvaient en outre, par l’exercice d’un droit d’initiative, entamer le principe de liberté de décision du ministre constitutionnellement responsable, et encore bien plus si ce droit devait avoir pour sanction une publicité officielle qui serait évidemment contraire à la bonne discipline.

Nous le répéterons en terminant, les procédés administratifs ne seront rien tant qu’une organisation systématique de la flotte n’aura pas d’abord assigné à l’activité de l’administration un but à poursuivre. C’est là ce qui est le plus urgent, c’est là ce que nous réclamons avant tout ; mais, nous l’avons dit aussi, une telle organisation ne peut pas s’improviser. L’assemblée constituante, à la veille d’achever son œuvre, ne saurait, sans courir le risque de s’égarer, entreprendre une étude qui demande la méditation de bien des mois. Nous n’hésitons pas à le dire, elle ne saurait