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REVUE DES DEUX MONDES.


Scène XIV.

Les mêmes, M. JOUVENEL, M. PERRAULT, suivis de plusieurs ministres protestans.
D’ANDELOT, allant au-devant des ministres.

Eh quoi ! c’est vous, monsieur Jouvenel ! vous, Perrault !…

JOUVENEL.

Ah ! monseigneur, que Dieu soit loué ! vous êtes donc sorti de ce repaire !

D’ANDELOT.

Dans quel état vous voilà !

JOUVENEL.

Ne parlons pas de nos maux ! Sans pain, sans abri depuis deux jours, notre unique souffrance était que nos princes bien-aimés cheminaient dans l’ignorance de cette trahison, et s’en venaient se prendre au piège en croyant aller aux états. Mais, par bonheur, nous les voyons, et nous oublions nos misères. (S’adressant au prince de Condé.) Ah ! monseigneur, Dieu veut sauver son église, puisqu’il vous a conservé ! Vous vivant, le temple est debout !

D’ANDELOT, bas à Condé.

Comment leur dire que vous voulez partir, mon cousin ? Je n’en ai pas le courage.

LE PRINCE DE CONDÉ, s’adressant aux ministres.

Messieurs, les perfidies dont vous êtes victimes ne doivent pas rester impunies. Il ne me suffit pas de vous plaindre, mon devoir est de vous venger. Nous allons, mon frère et moi, vous faire rendre justice, devant le roi, dans l’assemblée des états.

JOUVENEL.

Dieu vous en garde ! monseigneur. Vous, aller à Orléans ! Autant de pas vous faites vers la cour, autant vous approchez-vous de la mort !

LE PRINCE DE CONDÉ.

Vaines terreurs, croyez-moi ! Je me sens assisté de Dieu, je descendrais sans peur dans la fosse aux lions.

JOUVENEL.

Mais c’est Dieu qui nous envoie, monseigneur ! nous sommes ses messagers !

LE PRINCE DE CONDÉ.

Ils ne me toucheront pas un cheveu.

JOUVENEL.

Vous ne les connaissez pas, monseigneur !

LE PRINCE DE CONDÉ.

Et quand ils oseraient !… savons-nous les desseins de notre