Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
LES ÉTATS D’ORLÉANS.
DARDOIS.

Demandez à Bouchard, monseigneur, je l’ai laissé avec le prince.

LE CONNÉTABLE.

Ah ! M. Bouchard !… Il ne suit donc pas son maître ?

BOUCHARD, s’approchant.

Non, monseigneur, le roi m’a laissé ses ordres pour le Béarn.

DARDOIS, à Bouchard.

Voyons, n’est-il pas vrai que tantôt M. de Condé tenait un autre langage ?

BOUCHARD.

Comment, tantôt ?

DARDOIS.

Parbleu ! quand vous êtes venu lui parler. Qu’aviez-vous à lui dire ?

BOUCHARD.

J’avais… je le suppliais de ne pas entraîner mon maître dans cette folle entreprise.

DARDOIS.

À d’autres, monsieur le chancelier. Vous seriez-vous si bien caché de moi pour lui conter de telles choses ?

BOUCHARD.

Qu’est-ce à dire ? (Dardois prend à part le connétable et d’Andelot et leur parle bas. Bouchard cherche à deviner ce qu’il leur communique et se dit :) Le jeu semble se brouiller ; je ferais bien de n’y pas laisser mon épingle.

(En se retournant pour sortir, il aperçoit un valet qui vient à lui avec précaution.)
LE VALET, à voix basse.

Monsieur le chancelier, l’homme s’est échappé !

BOUCHARD, à part.

Malédiction ! (Au valet.) Vous l’avez donc lâché, imbéciles ?

LE VALET.

Non, monsieur le chancelier, il a disparu.

BOUCHARD.

Où est-il ?

LE VALET.

Nous n’en savons rien.

BOUCHARD.

Va-t’en, butor. (Le valet sort.) Me cacher ? Non. Rejoignons les princes. Je prierai M. de Lorraine de me faire arrêter. Ce n’est que dans ses prisons qu’il y aura sûreté pour moi. (Il sort.)