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REVUE DES DEUX MONDES.
LE ROI.

N’en êtes-vous pas bien aise ?

LA REINE-MÈRE.

Je m’en félicite pour vous, mon fils, et pour le royaume. Cela peut étouffer bien des intrigues et rabattre bien des orgueils. — Mais, dites-moi, vous vous proposez de les recevoir comme il convient à leur rang, à leur naissance ?

LE ROI.

Assurément, c’est mon désir.

LA REINE-MÈRE.

Vous les traiterez…

LE ROI.

Comme ils le méritent ; n’ayez pas peur, ma mère.

LA REINE, à part.

Je tremble d’avoir compris !…

LA REINE-MÈRE.

Qui avez-vous désigné pour les complimenter aux portes de la ville ?

LE ROI.

Je ne sais ; ce soin regarde mes oncles.

LA REINE-MÈRE.

Quelles gens de votre maison chargez-vous de leur servir d’escorte ?

LE ROI.

Mes oncles ont dû les choisir.

LA REINE-MÈRE, avec vivacité.

Mais l’ont-ils fait ? Assurez-vous-en du moins !

LE ROI.

Bon Dieu ! ma mère, si vous n’avez fait venir ces malheureux cousins que pour m’en rompre la tête, j’avais cent fois raison de ne les pas vouloir ! Vous me demandez des choses qui ne me regardent point. Encore une fois, c’est à mes oncles qu’il appartient de s’en mêler. C’est leur affaire, et non la mienne.

LA REINE-MÈRE.

Mon cher François, regardez-moi. Vous ne me dites pas tout. Je vous connais : je vous défie de me rien cacher. Eh bien ! prenez-y garde ! c’est une faute insigne qu’on veut vous faire commettre ! Il ne fallait pas mander les princes, si vous leur ménagiez un affront. Vous vous faites injure à vous-même, car ils sont votre sang ; vous me manquez à moi, votre mère ! N’avez-vous pas, hier encore, pris avec moi des engagemens sacrés ?

LE ROI.

Mes oncles s’en expliqueront avec vous, ma mère. Ils vous diront des choses !…