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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

mais refuser à ces princes leurs honneurs et préséances, c’est déjà trop. C’est leur mettre la rage au cœur, c’est les pousser peut-être à de coupables excès… MM. vos oncles ont l’ame trop haute pour si plate vengeance. Allez, ma fille, entrez chez le roi, osez parler, on vous écoutera.

LA REINE.

Ah ! madame, de grâce !… C’est bien assez qu’hier… Je vous en prie, ne me mêlez plus à tout cela.

LA REINE-MÈRE.

Tout cela vous regarde, ma fille, et beaucoup plus que moi ! (À part.) Il suffit que je l’en prie… Je suis bien sotte ! N’est-ce pas toujours de même ?…



Scène VIII.

Les mêmes, Mme DE MONTPENSIER.
LA REINE-MÈRE.

Quoi ! c’est vous, duchesse ? vous déjà !

Mme DE MONTPENSIER.

Madame, en descendant les degrés j’ai rencontré M. d’Avanson, M. de Sancerre, puis le chancelier. Ils étaient mandés chez le roi.

LA REINE-MÈRE.

En conseil ?

Mme DE MONTPENSIER.

Conseil extraordinaire, tous les membres convoqués.

LA REINE-MÈRE, à part.

Je savais bien que ces Guises étaient là ! (Haut et se tournant vers la reine.) Ceci devient plus grave, ma fille ; vous avez trop de sagesse et d’entendement pour ne le pas comprendre. Vous seule pouvez encore quelque chose. Allez, mon enfant… faites effort… Tout ce que je vous demande, c’est de rappeler au roi qu’il m’a promis de m’envoyer vos oncles, que je les attends ici.

LA REINE.

Ma mère…

LA REINE-MÈRE.

Vous hésitez ?… Prenez garde… les princes vont venir !

LA REINE, avec entraînement.

Ah ! vous avez raison ; il faut tout faire pour les sauver !

LA REINE-MÈRE.

Les sauver ? que soupçonnez-vous donc ?

LA REINE.

Rien… je ne sais… une vaine terreur que j’ai tort d’écouter.