Vous êtes les bien-venus, messieurs nos cousins ; je voudrais dire les bien reçus, mais je n’ose, si j’en juge par ce qui se passe ici.
Madame, il ne faut qu’un rayon d’espérance pour dissiper les plus sombres chagrins ; la présence de vos majestés est pour nous ce rayon bienfaisant. En recevant si doux accueil, en contemplant tant de charmes, je perds jusqu’au souvenir des amertumes dont, il faut bien le dire, nous venons d’être abreuvés.
Eh quoi ! messieurs, se serait-on permis ?…
Ne fatiguons pas la reine de nos trop justes plaintes.
Nous avons mieux à faire…
Ce n’est pas mon avis : rien de mieux à faire, s’il vous plaît, que de dire à la reine toute la vérité.
Assurément, cardinal…
Non, mon frère ; c’est ailleurs qu’il en faudra parler.
C’est ici, c’est à la reine…
Parlez, je vous en prie ; expliquez-moi…
Eh bien ! madame, aurais-je pu m’attendre qu’en vous conduisant mes frères sur la foi de vos paroles…
Dites des paroles du roi, cardinal.
Que la reine me pardonne d’oser la contredire : le cardinal a raison. Les ordres du roi, je les respecte, mais c’est aux dames que j’obéis ; et sans cette lettre que votre majesté a daigné nous écrire hier, je le dis franchement, je ne serais pas ici.
Maudite lettre ! il l’a reçue… Et ce Stewart ?…
Je vous reconnais, mon cousin ; toujours galant.