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Il nous reste ; avant d’examiner la partition de M. Meyerbeer, à indiquer rapidement la marche du drame qui a inspiré le musicien.

Au lever du rideau, l’œil se repose sur un frais paysage hollandais qui représente les environs de la ville de Dordrecht. Au milieu d’une troupe de paysans et d’ouvriers qui prennent leur repas du matin, on voit apparaître la jeune Berthe, toute joyeuse de son prochain mariage. Elle court au-devant de Fidès, qu’elle aperçoit sur le sommet d’une petite colline. C’est la mère de son fiancé qui vient la prendre pour la conduire auprès de son fils Jean, établi très honorablement dans un faubourg de la ville de Leyde. Pauvre orpheline et humble vassale du comte d’Oberthal, Berthe ne peut quitter le village qui l’a vue naître sans la permission de son seigneur. Berthe et Fidès se disposent donc toutes deux à aller trouver le comte d’Oberthal, dont on voit le château crénelé, lorsqu’elles sont arrêtées par l’apparition de trois sombres personnages qui se dressent tout à coup sur le sommet de la petite colline qui forme le fond du paysage : ce sont les trois anabaptistes Zacharie, Jonas et Mathisen, qui viennent essayer sur ces pauvres gens l’effet de leurs prédications fallacieuses. Vous pensez si on les écoute avec curiosité et si on les applaudit avec transport. Le comte d’Oberthal arrive sur ces entrefaites. Apercevant dans un coin les trois anabaptistes, il reconnaît Jonas, un sommelier ivrogne qu’il a chassé de sa maison. Sur un ordre du comte, les trois anabaptistes disparaissent de la scène, avec injonction de quitter le pays sous peine de la vie. C’est alors que Berthe, encouragée par Fidès, s’approche du comte d’Oberthal pour lui demander la permission d’épouser son fiancé qu’elle aime de toute son ame. Le comte ne répond que par un brusque refus qui, dévoilant des intentions coupables, soulève l’indignation du peuple, déjà exalté par les prédications des anabaptistes. Berthe et Fidès sont enlevées avec violence par les soldats du comte d’Oberthal, qui traverse la foule frémissante, mais respectueuse. Ainsi finit le premier acte.

Le second acte nous introduit dans la petite auberge de Jean de Leyde, toute remplie de bons compagnons qui dansent, chantent et boivent en l’honneur de son mariage. Tout en servant de la bière à ceux qui lui en demandent, Jean paraît inquiet. Le jour baisse, Berthe et Fidès n’arrivent pas. Pendant qu’il est ainsi préoccupé, les trois anabaptistes, qui sont attablés dans un coin de l’auberge, l’observent attentivement. Ils remarquent avec surprise qu’il ressemble à un portrait du roi David, qui est en grande vénération dans la ville de Munster. Cette circonstance, jointe aux renseignemens qu’ils prennent sur le caractère de Jean, les décide, et ils se promettent de faire de ce jeune enthousiaste un instrument de leur ambition. Ils l’abordent aussitôt en lui demandant avec intérêt d’où provient la tristesse qui obscurcit son front. Jean leur répond que le retard de sa mère et de sa fiancée accroît