Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/602

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le combat en finir avec la fatigue de vivre. Il y a eu de la grandeur dans cette abdication, et cette grandeur a rejailli sur le Piémont. La bataille de Novarre n’a plus été que la défaite de la démagogie italienne qui avait envoyé au combat, sans les y accompagner, une armée et un roi qui valaient mieux que le rôle qu’ils acceptaient.

Après cette défaite de la démagogie, que reste-t-il en Piémont devant l’Autriche ? Il reste encore, grace à Dieu, le Piémont tout entier, moins la démagogie qui le minait, le Piémont ayant bonne cause et bon droit, et que nous devons soutenir. Si donc l’Autriche croit avoir battu à Novarre autre chose que la démagogie italienne, si elle veut avoir battu du même coup la monarchie nationale et constitutionnelle du Piémont, si elle veut abuser contre le libéralisme des succès qu’elle a eus contre le radicalisme, c’est une autre question qui commence en Italie.

Ce que nous devons souhaiter à l’Italie, c’est qu’elle puisse partout secouer les chaînes de la démagogie, afin de rentrer dans le cercle des institutions nationales ; ce que nous devons souhaiter à l’Italie, c’est une restauration libérale et, nationale, comme celle qui vient d’avoir lieu à Florence, comme celle qui va bientôt se faire à Rome, et que déterminera infailliblement la présence de notre expédition.

L’intervention de la France dans les états romains est la conséquence naturelle de notre politique immémoriale en Italie. Intervenir libéralement, afin d’empêcher que l’Autriche n’intervienne despotiquement, telle a été la pensée de l’expédition d’Ancône, telle est encore la pensée de l’expédition de Civita-Vecchia. Le gouvernement du général Cavaignac a eu l’occasion de faire cette intervention libérale au moment où le pape a quitté Rome ; l’occasion était d’autant plus belle alors, qu’elle eût empêché tout le mal qui s’est fait depuis.

· · · · · · · · · · · · · · · Mais, pour être approuvés,
De semblables desseins veulent être achevés.

Il faut les faire et ne point en parler. Ç’a été le contraire : on en a parlé, et on ne les a pas faits. À Dieu ne plaise que nous ayons jamais cru que c’était là, de la part du général Cavaignac, une manœuvre électorale ! nous croyons, au contraire, que la pensée de l’intervention était sérieuse et sincère, mais le général Cavaignac a craint de blesser les préjugés démagogiques. Il a cédé à son entourage et à son origine ; il a cru que la démagogie romaine était la liberté et qu’il fallait la respecter ; il n’a pas compris que toute révolution qui commence par un assassinat est une révolution illibérale et odieuse. Dans le monde, nous avons souvent vu réussir les causes dont les défenseurs savent mourir, jamais celles dont les défenseurs ne savent qu’assassiner.

Ce que le général Cavaignac n’a pas cru pouvoir faire, nous aimons que le ministère actuel le tente hardiment. Oui, nous allons aider à la restauration du pape, c’est-à-dire nous allons aider à la restauration du libéralisme contre la démagogie ; nous allons pratiquer au dehors, dans les limites d’une sage politique, ce que nous pratiquons au dedans. Où est le mal ? Quoi ! cela se fera au mois de floréal de 57 de la république, comme date le Peuple souverain, journal de Lyon, qui consent cependant, par condescendance pour le public, à traduire ce floréal en avril et cet an 57 en l’an 1849 de l’ère chrétienne ! Oui, cela se fera