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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
STEWART.

Un vaillant, qui porte haut le nom du Seigneur, qui brave nos ennemis du fond de sa prison !… à lui ma vie !…

Mme DE MONTPENSIER.

M. de Condé !…

STEWART.

Il faut que je le sauve, madame.

Mme DE MONTPENSIER.

Ses juges le sauveront, j’espère ; eux seuls y peuvent quelque chose, mon cher Stewart ! Gardez-vous, croyez-moi…

STEWART.

Je le sauverai, vous dis-je ! Comment ? Je n’en sais rien encore ; Dieu me le dira.

Mme DE MONTPENSIER, à part.

Quel fou !

STEWART, avec feu.

Ces malheureux athéistes, ils croient déjà tenir sa tête entre leurs mains, sa tête sanglante comme celles de Dubourg et de nos saints martyrs. Mais, païens que vous êtes, la mesure d’iniquité est comble ; sachez que l’heure va sonner, où moi, pauvre ver de terre, je vous ferai descendre si bas que vous nous rendrez vos comptes à genoux !

Mme DE MONTPENSIER.

Calmez-vous, Stewart, on peut vous entendre…

STEWART.

Je me tais, madame, je me tais… mais un mot seulement : la reine-mère, la connaissez-vous bien ?

Mme DE MONTPENSIER.

Quelle question !

STEWART.

Si son autorité venait à lui être rendue, quel usage en ferait-elle ?… dites, je vous prie.

Mme DE MONTPENSIER.

Et que puis-je vous dire ?

STEWART.

C’est celle qui les a faits rois, ces orgueilleux ; les traiterait-elle sans pitié ?

Mme DE MONTPENSIER.

Elle voudrait… elle saurait être reine.

STEWART.

Point de nouveau pacte avec eux, vous croyez ?…

Mme DE MONTPENSIER.

Mais à quoi bon ?… (À part.) Quelle voix ! quels yeux ! il me fait peur…