Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/663

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
597
LES ÉTATS D’ORLÉANS.
STEWART.

Dieu seul le saura, madame ! c’est lui qui m’a conduit ici. Il était dans ses desseins que j’entendisse… Mais il ne veut pas que je parle. Je sais ce qu’il veut, je lui obéirai.

LA REINE.

Stewart, si vous n’étiez pas si fidèle serviteur de ma maison, et pour moi presque un père, je mourrais de terreur… Prenez garde au moindre mot, Stewart.

STEWART.

Ne craignez rien, madame, dans une heure je serai loin d’ici.

LA REINE.

Pourquoi partir ? Le roi n’est pas las de vos services… Il voulait rire tout à l’heure… croyez-moi !

STEWART.

Ce ne sont pas les paroles du roi qui me chassent ; j’avais résolu de partir, (Il se jette à genoux devant la reine.) Ah ! ma chère et bonne maîtresse, donnez votre bénédiction à votre vieux Stewart ; pardonnez-lui ce qu’il est forcé de faire. Il lui en coûte, croyez-moi, de vous laisser aux mains de ces cruelles gens !

LA REINE.

Stewart, Stewart !… faites attention à vos paroles !

STEWART.

Un ange comme vous dans cet antre de perdition !… Dieu vous délivrera, j’espère.

LA REINE.

Au nom du ciel, taisez-vous !

STEWART, toujours à genoux.

Pardonnez-moi, ma bonne souveraine.

LA REINE.

Levez-vous, Stewart, et encore une fois silence…

STEWART.

Pardonnez-moi !

LA REINE, avec impatience.

Eh bien ! oui, je vous pardonne… allez.

STEWART, à part.

Qu’il en soit fait, mon Dieu, comme vous l’ordonnez.

(Il sort.)



Scène VIII.

LA REINE, seule.

Pauvre homme ! qu’a-t-il donc ? comme il est agité !… J’espère au