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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
Mme  DE MONTPENSIER.

J’en suis à demi morte, madame.

LA REINE-MÈRE.

S’il fût resté, nous pouvions le faire évader ce soir ; il nous donnait une chance de sauver Condé ! Lui mort, au contraire, Condé n’en a pas pour deux heures… C’est à se pendre, en vérité, d’avoir sa partie liée à un tel étourneau !

Mme  DE MONTPENSIER.

Ah ! madame, vous m’épouvantez !… je n’en respire plus… Il me semble à chaque instant que nous allons apprendre… Mon Dieu ! la porte s’ouvre,… Non, c’est le chancelier !



Scène XVI.

Les mêmes, LE CHANCELIER.
LE CHANCELIER, entrant avec précaution, sans être annoncé.

Que votre majesté me pardonne…

LA REINE-MÈRE.

Entrez, chancelier, entrez. Vous nous voyez sur des charbons…

LE CHANCELIER.

Et moi, madame, le cœur navré, je viens vous faire un triste récit !

LA REINE-MÈRE.

Ah ! votre parlement !

LE CHANCELIER.

Quoi ! la reine sait déjà ?…

LA REINE-MÈRE.

Je sais qu’on se joue de nous ; mais ce n’est pas tout !… chancelier, vous en ignorez la moitié.

LE CHANCELIER.

Eh quoi ! madame ?…

LA REINE-MÈRE.

Ces forcenés, j’ai ai la certitude, ne s’en tiennent pas à Condé.

LE CHANCELIER.

Qu’avez-vous donc appris ?

LA REINE-MÈRE.

On peut tout vous dire, chancelier ? Cette chasse me donne d’affreux soupçons.

LE CHANCELIER.

Hélas ! madame, rien ne m’étonne plus, après ce qu’ils font de la justice ! La sentence qu’ils vont exécuter… c’est un assassinat ! je n’en veux pas être complice. Votre majesté trouvera bon, j’espère, que je dépose aujourd’hui les sceaux entre les mains du roi !