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REVUE DES DEUX MONDES.
LE DUC DE GUISE.

On peut s’en passer, morbleu ! Si la reine n’entend pas raison, si elle nous pousse à bout, j’ai bien encore assez d’autorité pour me faire obéir.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

À la bonne heure ! voilà parler !

LE DUC DE GUISE.

S’il faut rendre la place, soyez tranquille, ce ne sera pas sans coup férir.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Pour moi, j’ai pris mes précautions. Il reste 62,000 écus dans l’épargne, je les fais transporter à Reims. À quoi bon laisser des vivres à l’ennemi ?

LE DUC DE GUISE.

Belle misère, votre argent ! C’est autre chose qu’il faudrait emporter !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Silence ! voici la reine.



Scène VI.

Les mêmes, LA REINE-MÈRE.
LA REINE-MÈRE.

Ah ! messieurs, dans quelle douleur vous me voyez ! Mon pauvre fils !

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Mais pourquoi désespérer, madame ? Le roi n’a-t-il pas sa jeunesse, ce médecin qui guérit tant de maux !

LA REINE-MÈRE.

Quoi ! vrai, vous conservez un peu d’espoir ? Eh bien ! j’aurais juré qu’il ne vous en restait plus.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Pourquoi, madame ?

LA REINE-MÈRE.

Ne le prenez pas à mal, je vous prie… parce que vous me venez voir.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Ah ! madame, quelle pensée !…

LA REINE-MÈRE.

Vous me gâtiez si peu quand il était en santé, ce cher enfant.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

La reine nous connaît bien mal ! Nous ne venons pas lui parler de nous. Le salut de l’état, le vôtre, madame, celui de vos enfans, voilà