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REVUE DES DEUX MONDES.
LE ROI DE NAVARRE

Je vous abandonne de grand cœur une tâche qui m’effrayait. Que les affaires soient conduites comme vous l’entendrez, madame, mais qu’elles le soient par vous et non par des gens qui vous ont bien trompée, et que vous semblez encore disposée à ménager plus qu’ils ne valent !

LA REINE-MÈRE, prenant le papier.

Je tiendrai chacun à sa place. Allez, mon frère, allez trouver le Chancelier. (Elle lui donne le papier signé par elle.)

LE ROI DE NAVARRE

Dieu vous garde, madame, et le royaume aussi !

(Il sort.)



Scène X.

LA REINE-MÈRE, seule.

Voilà un homme comme il en faut pour faire un lieutenant-général du royaume. Ce sera obéissant comme un sergent aux gardes. On peut m’en donner à la douzaine de cette façon-là, je n’en serai pas gênée ! Ainsi l’affaire est faite ! Allons maintenant à ce lit de mort… Le chancelier sera prudent, j’espère ; il n’ouvrira cette prison que si mon fils… Après tout, arrive que pourra !…

(Elle veut sortir, mais la porte s’ouvre et laisse entrer la reine.)



Scène XI.

LA REINE-MÈRE, LA REINE.
LA REINE.

Je viens vous chercher, ma mère. Il vous demande, il veut vous voir.

LA REINE-MÈRE.

Ce cher François ! J’y vais, ma fille.

LA REINE.

C’est lui qui m’envoie vers vous… Nous respirons, Dieu merci ! il va mieux.

LA REINE-MÈRE

Il va mieux, dites-vous ?

LA REINE.

Cette crise est passée ; Nicole assure qu’il pourra le sauver ; Servais aussi conserve de l’espoir. Paré seul ne dit rien, mais c’est la peur que lui font mes oncles.

LA REINE-MÈRE, élevant la voix.

Huissier, appelez Mme de Montpensier… Mais non, non, j’y vais moi-même… Un instant seulement, ma fille.

(Elle sort.)