part de la reine. Il attendait votre retour pour sonder Chavigny, quand tout à coup M. de Guise, l’œil animé et la parole haute, comme si l’espoir de la guérison du roi l’eût mis hors de lui-même, aborda rudement le chancelier, lui rappelant que, de tous les membres du conseil, lui seul et le comte de Sancerre n’avaient pas encore signé l’arrêt ; que si, dans deux heures, leurs réflexions n’étaient pas faites, ils auraient de ses nouvelles ; que la volonté du roi lui était assez connue pour n’avoir pas besoin d’ordre écrit, et qu’il prendrait bien sur lui de faire marcher le grand-prévôt. Le chancelier était demeuré impassible ; mais, quand M. de Guise se fut éloigné : « Madame, s’écria-t-il en me prenant la main, il le fera comme il le dit ! Je ne connais qu’un moyen d’arrêter le coup, c’est d’appeler le connétable. En moins d’une heure il peut être ici et tenir tout en respect. Nous n’avons pas le temps de consulter la reine, c’est le cas de prendre sur nous. » Et sans m’en dire davantage il me laissa toute tremblante et entra chez M. de Morvilliers, pour le prier de faire donner le signal.
Quel signal ?
La bannière de Sainte-Croix hissée sur le clocher. Voyez, la voilà qui flotte ; c’est ce que je regardais.
Mais comment le connétable forcera-t-il la porte ?
Lansac et de Brosse ont le mot, la porte doit être ouverte.
À merveille. — Je ferai bien, je crois, d’aller endosser ma cuirasse, nous ne tarderons guère à en venir aux coups.
Au dire du chancelier, personne ne bougera ; la surprise sera si grande !
Ne vous y fiez pas, duchesse : un compagnon comme M. de Guise ne laisse pas sa dague dormir dans son fourreau…
Pour moi, ce n’est pas là ma crainte ; mais si la reine avait d’autres desseins, si nous avions été trop vite, si le connétable arrivait trop tôt…
Trop tôt pour sauver mon frère ? Y pensez-vous, ma mie ?
Si nous avions tout compromis en voulant tout sauver… Je ne serai