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LES ÉTATS D’ORLÉANS.

vous en prie. Désormais, nous vous le promettons, chacun fera son office sans que les uns se permettent d’entreprendre sur les autres.

LE CONNÉTABLE.

J’ai déjà commencé mon devoir de connétable. En entrant en ville, j’ai délogé tous ces soldats qui faisaient le pied de grue devant chaque maison. Convient-il qu’un roi tienne sa cour au milieu d’un corps-de-garde ? Tous ces compagnons s’en iront prendre gîte dans leurs quartiers et garnisons ; la ville n’en sera plus étouffée. Ne sommes-nous pas bons pour garantir la sûreté du roi ? IL n’y a de bonnes gardes pour les princes que l’amour et le contentement de leurs sujets.

LA REINE-MÈRE.

Vous avez bien fait, connétable.

LE CONNÉTABLE.

Ce n’est pas tout. En passant devant les Jacobins, j’ai vu comme une façon de bastille armée d’artillerie : je lui ai dit un bonjour, et voilà le moine que j’en ai tiré. (Il montre le prince de Condé, qui s’avance.)



Scène XXIII.

Les mêmes, LE PRINCE DE CONDÉ.
LE CONNÉTABLE, continuant.

Ne faut-il pas le défroquer, madame ?

LA REINE-MÈRE.

Assurément.

LE CONNÉTABLE.

C’est un malentendu, je pense…

LA REINE-MÈRE, soupirant.

Une erreur de mon pauvre fils !…

LE PRINCE DE CONDÉ.

Pourquoi mal parler des morts, quand les vivans sont là pour répondre ?

LA REINE-MÈRE.

Monsieur de Condé, vous êtes libre, le roi ne veut pas inaugurer son règne par des rigueurs contre son propre sang, mais il vous demande d’être juste.

LE PRINCE DE CONDÉ.

Madame, c’est pour être juste envers le feu roi mon seigneur que je ne veux pas qu’on lui impute une faute qui n’est pas sienne.

LA REINE-MÈRE.

Et qu’en savez-vous ? Moi j’entends qu’on s’abstienne de réveiller de vieilles haines et de perpétuer la vengeance. Voici vos nobles cousins… (Élevant la voix.) MM. de Lorraine sont-ils là ?