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en attendant l’arrivée des troupes ; il se porta sans hésiter au canon, ordonnant de placer le 1er  régiment de Savoie, qui venait d’arriver, en arrière d’un profond ravin, à un quart de mille de Gambolo. Bientôt les tirailleurs de la deuxième division, vivement attaqués par les tirailleurs ennemis, se laissent ramener jusque près de la Sforsesca ; là ils reprennent l’offensive, et, soutenus par le reste de la division, ralliés par le colonel Leonetto Cipriani et les officiers de l’état-major du général Bés, ils font reculer l’ennemi, le repoussant jusqu’à San-Vittore, où les troupes reçurent l’ordre de s’arrêter. Dans cet engagement, les hussards du régiment Radetzki firent une charge brillante, et vinrent sabrer les tirailleurs jusque sous la bouche des canons ; mais, chargés par deux escadrons du régiment de Piémont-Royal, ils furent mis en fuite, laissant plusieurs prisonniers entre nos mains, et parmi eux un officier supérieur. Le régiment de Piémont-Royal se fit le plus grand honneur dans cette occasion ; un aide-de-camp du général Bés, M. Galli, qui chargeait avec lui, ayant été entouré par quatre hussards et blessé d’une balle à l’épaule, fut dégagé par un seul lancier, qui tua un hussard et mit les trois autres en fuite. Le 23e régiment, ainsi que son brave colonel, M. Cialdini, se comporta d’une manière digne d’éloges. Le colonel Cialdini est habitué à en recevoir sur le champ de bataille ; bien que grièvement blessé à Vicence, pendant la première campagne, de deux balles dont l’une lui traversa le bas-ventre, et non guéri de cette cruelle blessure, il n’en marcha pas moins cette fois au premier rang.

Pendant que ce combat avait lieu à notre gauche, le général recevait avis que, les vivres étant arrivés très tard, la brigade Savone de la troisième division et la quatrième division elle-même ne pourraient pas nous rejoindre avant quatre heures. Ce malheureux contre-temps rendait la position critique, car l’ennemi commençait à déboucher avec des forces imposantes et pouvait, en nous attaquant par Gambolo (que ce retard nous empêchait d’occuper), parvenir à nous tourner, passer entre nous et les deux divisions placées à Mortara, nous accabler et nous refouler sous Vigevano. On ne pouvait plus penser à prendre l’offensive, et on devait se contenter de conserver ses positions, pour être prêt à attaquer le lendemain avec toutes les forces réunies. Déjà il était plus de quatre heures, et la brigade de Savone n’était pas arrivée, lorsque les Autrichiens, moi tant quelques pièces en batterie et sortant de Gambolo, s’avancèrent en colonne serrée, avec de grands hurrahs, contre le 1er  régiment de Savoie, rangé en bataille derrière le ravin et appuyé par six pièces à sa droite et quatre à sa gauche. Le général Chrzanowski s’adressa alors au 1er  régiment et lui dit : « Messieurs, je vous ai placés ici, et suis bien sûr que les Autrichiens ne parviendront pas à vous déloger. » Un sourire de bon augure éclaira les mâles