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Alors nous pourrions tous nous réunir, au mois d’octobre, à Paris. Mille tendres amitiés, mille souvenirs. À vous pour la vie, et à toute épreuve.

« J’attends votre réponse : en me répondant sur-le-champ, je pourrai encore recevoir votre lettre, rue de Beaune, hôtel de France.

« Si vous abandonnez le projet de venir à Sion, vous jetterez au feu la lettre pour votre père.

« Je n’ai point encore vu le premier Consul. »


Au même.

« Mantes, 15 août 1804.

Je m’approche de vous et je sors enfin du silence, mon cher Chênedollé. Je n’ai osé vous écrire de peur de vous compromettre pendant tout ce qui m’est arrivé[1]. Que j’ai de choses à vous dire ! Quel plaisir j’aurai à vous embrasser si vous voulez ou si vous pouvez faire le petit voyage que je vous propose ! Je vais passer quelques jours chez Mme de Custine, au château de Fervaques, près Lisieux, et vous voyez, par la date de ma lettre, que je suis déjà sur la route. J’y serai d’aujourd’hui en huit, c’est-à-dire le 22 d’août. La dame du logis vous recevra avec plaisir, ou, si vous ne vouliez pas aller chez elle, nous pourrions nous voir à Lisieux. Écrivez-moi donc au château de Fervaques, par Lisieux, département du Calvados. Vous ne devez pas en être à plus de quinze ou vingt lieues. Tâchons de nous voir pour causer encore une fois, avant de mourir, de notre amitié et de nos chagrins. Je vous embrasse les larmes aux yeux. Joubert a été bien malade et n’a pu répondre à une lettre que vous lui écriviez. Tout ce qui reste de la petite société s’occupe sans cesse de vous. Mme de Caud est très mal. »


Au même.

« Villeneuve-sur-Yonne, 10 octobre 1804.

« Cher Corbeau, votre lettre m’a fait un insigne plaisir. Joubert déclare qu’il va mettre la main à la plume, et moi je me réjouis dans l’espérance de vous embrasser, du 20 au 25 du mois d’octobre courant, à Fervaques. Tâchez de vous y rendre ; nous arrangerons notre hiver.

« Je pars d’ici le 16 octobre ; je passerai deux ou trois jours à Paris, d’où je continuerai ma route pour Lisieux. Adieu, cher enfant. J’écris en hâte ce billet, parce que je suis mal à mon aise. Je vais vite le cacheter et le mettre à la poste.

« Mille fois à vous. Mille respects à vos parens. »


Au même.

« Villeneuve-sur-Yonne, 13 novembre 1804.

« Mme de Caud n’est plus. Elle est morte à Paris le 9. Nous avons perdu la plus belle ame, le génie le plus élevé qui ait jamais existé. Vous voyez que je suis né pour toutes les douleurs. En combien peu de jours Lucile a été rejoindre

  1. Il veut parler de sa démission donnée après le meurtre du duc d’Enghien et de l’éclat qui s’ensuivit.