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il avait fallu s’adresser exclusivement aux contrées les plus voisines. À cette assemblée improvisée, le duché de Bade fournit vingt membres, le Wurtemberg neuf, la Hesse six, la Bavière cinq, la Prusse rhénane quatre ; Francfort, le duché de Nassau et l’Autriche envoyèrent les six derniers. L’esprit qui dominait la réunion était franchement et hardiment libéral, le parti républicain y était représenté aussi, et même dans une mesure beaucoup trop considérable pour l’expression sincère de la pensée publique ; mais ce n’était pas là un danger sérieux. Le comité d’Heidelberg se proposait de frayer la route à l’assemblée de l’Allemagne tout entière ; les électeurs, on le pensait bien, rectifieraient un jour ces inexactitudes inévitables et remettraient chaque parti à sa place : c’est ainsi que M. Hecker et M. de Struve, les chefs de la démagogie badoise, siégeaient à Heidelberg à côté de M. Hansemann ; c’est ainsi que M. Brentano et M. Wiesner, les futurs membres de l’extrême gauche au parlement de Francfort, étaient associés à l’œuvre de M. Gervinus. Parmi les membres les plus distingués de la réunion d’Heidelberg, il faut citer, avec les noms que je viens d’écrire, l’élite des hommes politiques du duché de Bade, M. Bassermann, M. Welcker, M. de Soiron. Le Wurtemberg était dignement représenté par M. Frédéric Roemer, l’ami d’Uhland et de Paul Pfizer, que nous retrouverons bientôt dans le comité de constitution à Francfort. Les énergiques députés de Hesse-Darmstadt, M. Wernher, M. Lehne, M. Frank, y tenaient aussi parfaitement leur place. Quant au plus éminent de tous, M. Henri de Gagern, appelé, le lendemain, au gouvernement de son pays, il ne voulut pas cependant se séparer de l’œuvre commencée à Heidelberg, il signa les grandes mesures de l’assemblée, jaloux d’attacher son nom à cette entreprise extraordinaire et d’accroître l’autorité morale dont elle avait besoin.

Dès la première séance du 5 mars, les cinquante et un rédigèrent le programme de leur politique. « Les gouvernemens, disaient-ils, n’interviendront pas dans les affaires de la France. L’Allemagne n’inquiétera pas la liberté des autres peuples, décidée qu’elle est à maintenir aussi contre l’étranger sa pleine indépendance. Les souverains allemands, s’il était nécessaire de tirer l’épée, se confieront à la fidélité et au courage de la nation, et ne feront jamais alliance avec la Russie. Une assemblée des représentans de toute l’Allemagne sera réunie dans le plus bref délai, tant pour conjurer les périls au dedans et au dehors que pour développer toutes les forces et tous les trésors de la nationalité germanique. » Quand ce programme fut revêtu de toutes les signatures, les cinquante et un nommèrent un comité de sept membres, chargé de préparer la convocation de l’assemblée nationale. Les sept membres étaient choisis de manière à représenter presque tous les états dont les délégués avaient pris part aux délibérations de l’assemblée. Il fallait,