Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/880

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

image de la patrie, parce qu’il devra contenir dans son sein des représentans de tous les pays allemands ; un comité qui aura toute puissance et toute autorité pour négocier avec la diète. « La diète ! c’est un cadavre, s’écrie M. de Struve. — Si c’est un cadavre, reprend M. de Gagern, nous lui rendrons la vie en y introduisant des hommes investis de la confiance populaire, comme il y en a déjà depuis les derniers événemens. Débarrassez-vous, pour une situation nouvelle, de tous vos vieux préjugés. Attaquer aujourd’hui la diète, c’est un anachronisme. Qu’est-ce que la diète en effet ? L’image de l’unité. Que ses anciens membres ne soient plus que des cadavres, cela est possible ; mais la diète elle-même, je nie qu’elle soit morte, et vous devez le nier avec moi, vous qui êtes rassemblés dans l’église Saint-Paul pour préparer l’unité de l’Allemagne. Loin de désirer sa mort, souhaitons que la diète soit une vérité ; et elle deviendra une vérité féconde, quand nous y aurons installé les hommes qui ont la confiance de la nation. Encore une fois, ce n’est pas pour détruire, c’est pour édifier que nous siégeons ici ! » Enfin, formulant ses conclusions, M. de Gagern propose qu’un comité de cinquante membres soit chargé de faire adopter par la diète toutes les mesures nécessaires au salut de l’Allemagne et à la convocation du parlement, Si la patrie courait de sérieux dangers, le comité réunirait aussitôt l’assemblée des notables d’où il émane. — J’ai résumé fidèlement la pensée de M. de Gagern ; mais comment rendre l’émotion de sa parole, comment rendre cet accent de persuasion énergique qui rétablit l’ordre dans les esprits et emporte les décisions d’une grande assemblée ? Dès qu’il eut parlé, la discussion fut close. En vain M. Hecker voulut-il la prolonger encore ; en vain, pour effrayer quelques esprits timides, demanda-t-il le vote par appel nominal : cette mauvaise tactique ne servit qu’à mieux constater la faiblesse du parti républicain. 368 voix contre 148 repoussèrent la permanence et se décidèrent pour un comité de cinquante membres chargé de préparer avec la diète la convocation de l’assemblée nationale.

Vaincu le 1er avril comme il l’avait été le 31 mars, le parti démagogique voulut prendre le lendemain une éclatante revanche. Une scène théâtrale, sur laquelle on comptait beaucoup pour soulever le peuple de Francfort, fut préparée et répétée avec soin. Il s’agissait d’une proposition tendant à expulser de la diète les hommes qui y représentaient l’absolutisme ; et comme les termes de cette proposition devaient, selon toute vraisemblance, être repoussés par l’assemblée, la gauche indignée se retirerait en masse. La proposition, signée de MM. Zitz (de Mayence), Vogt, d’Itztein, Strecker, et autres députés de la montagne, était conçue ainsi : « Avant de travailler à la convocation de l’assemblée nationale, la diète annulera les lois d’exception qu’elle a faites depuis 1815, et elle expulsera de son sein les hommes qui ont contribué