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delinquunt. — Il y a cependant çà et là, on s’y attend bien, non-seulement la marque du temps, mais aussi celle du voisinage. Ainsi, voici de la justice turque : l’adultère est puni de mort. La femme adultère sera cousue dans un sac et jetée à l’eau ; mais, ajoute le sage et chrétien rédacteur, qui pressentait le système des circonstances atténuantes, le juge fera bien d’examiner si la conduite du mari n’a pas été la première cause du crime de la femme, et encore, si l’affection subsiste et se réveille au dernier moment, il pourra lui faire grace.

Voici des peines qui marquent l’époque : peine du feu pour les vols d’église, peine de mort pour les maléfices ou les philtres, peine de mort pour les vols et les assassinats, même peine pour l’homicide ; mais la loi admet les compositions à prix d’argent, et les mutilations ont leur tarif comme dans la loi salique. La torture est conservée pour arriver à la découverte des crimes, et, par un mélange d’humanité et de cruauté qui révolte et qui montre comment le bien ne peut jamais sortir du mal, « s’il y a plusieurs accusés, dit la loi, c’est le plus jeune et le moins endurci qui sera torturé le premier, pour ne pas tourmenter les autres sans nécessité. » Je n’ai pas besoin de dire que ces dernières dispositions ne sont plus appliquées ; on n’a point changé les lois pénales, seulement le juge doit discerner celles qui sont tombées en désuétude, et la table suprême, qui est le dernier tribunal d’appel, maintient une jurisprudence suffisamment rigoureuse, mais libérale.

Si l’on se rapporte à ce que nous avons dit de l’état malheureux de la Transylvanie à la fin du XVIIe siècle, on comprendra facilement que, de toutes les nations qui se partagent le territoire, les Saxons aient été les premiers à se réjouir de la révolution qui les plaçait sous la domination autrichienne. Les princes nationaux n’avaient pas, à vrai dire, existé pour eux, puisque les princes élus ont toujours été Hongrois. Les Saxons avaient à se défendre non-seulement contre les invasions des Turcs, mais contre les avanies des seigneurs, qui les mettaient à contribution. On comprend combien, à cette époque, l’industrie et les richesses de ces paisibles bourgeois devaient tenter la cupidité et la misère de tous leurs voisins. Pour se maintenir contre ces attaques, les Saxons ne se contentaient pas des privilèges sans cesse renouvelés qu’ils obtenaient à l’élection des princes, et de la milice qu’ils entretenaient ; ils élevèrent, dès les premiers temps, des villes où leur nombre devait les protéger contre des excursions isolées. Peu à peu ils les entourèrent de murailles et de fortifications à peu près imprenables devant les moyens d’attaque dont disposaient les armées de cette époque ; mais ces fortifications même devenaient un danger pour eux : les Hongrois, poursuivis en rase campagne, se réfugiaient dans les villes. Alors aux dangers des sièges venaient se joindre les excès et les usurpations d’alliés indisciplinés et d’une noblesse hautaine,