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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/99

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ainsi dire l’appel nominal. À cet effet, il inventa des instrumens pour déterminer avec précision la position et la grandeur de chacune ; il donna ainsi les moyens de reconnaître, non-seulement si elles mouraient ou naissaient, mais encore si quelques-unes traversaient le ciel ou s’y mouvaient, et, semblablement, si elles croissaient ou diminuaient, laissant à tous le ciel en héritage, s’il se trouvait quelqu’un capable de recueillir la succession. » À proprement parler, la mathématique et l’astronomie sont les seules sciences qu’aient possédées les anciens ; des autres, ils n’ont eu que des matériaux, sans aucun lien véritablement scientifique.

Il faut maintenant franchir un vaste intervalle de temps pour rencontrer la création d’une science nouvelle. La physique, malgré de très belles recherches dues à Archimède, ne commence qu’à Galilée. Les phases de ce développement initial, on le voit, sont très longues, et l’on remarquera quelle stabilité ont simultanément les états sociaux correspondans : l’immense durée du polythéisme, l’âge considérable accordé au christianisme, tout cela est d’accord avec la lente mutation des intelligences, laquelle dépendait du lent accroissement des sciences.

Un intervalle long encore, mais pourtant bien plus court, fut exigé pour la production d’une autre science. C’est à la fin du XVIIIe siècle que naquit la chimie. Quelques hommes du premier ordre firent soudainement éclore cette grande œuvre, préparée par ces labeurs obstinés de l’alchimie, par ces creusets allumés pendant tout le moyen-âge au profit de la pierre philosophale. Comme les créations scientifiques marchaient infiniment plus vite que jadis, comme elles embrassaient une part de plus en plus considérable des phénomènes de la nature, on ne s’étonnera pas que la naissance de la chimie se trouve dans le siècle révolutionnaire et coïncide presque avec l’immense ébranlement social qui dure encore sous nos yeux.

La biologie suivit de près la chimie. Quoique l’antiquité eût eu des connaissances biologiques, quoique, après la renaissance, d’admirables découvertes eussent été faites, et que de moment en moment on approchât davantage du but, cependant je n’hésite pas à dire (et je ne suis pas seul de cette opinion) que la biologie n’a été définitivement installée comme science que par Bichat. Ce n’est qu’après que ce grand homme eut reconnu des propriétés spéciales aux corps organisés et eut fait une première ébauche de ces propriétés et des tissus qui en sont le siège, que la biologie prit une assiette indépendante et se dégagea complètement de l’étude des corps inorganiques. Il n’est pas besoin de rappeler combien cette nouvelle science a jeté d’élémens dans la rénovation sociale.

Enfin, pour couronner l’œuvre, pour achever la série, pour embrasser tout l’ensemble des phénomènes, il restait à transformer en