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fut un de ses plus beaux triomphe, le triomphe de la conscience et de la sincérité, s’est publiquement repenti de l’opposition, pourtant si loyale et si noble, qu’il avait faite lui-même sous le régime déchu.

La portion de la jeunesse qui avait adhéré à la royauté constitutionnelle de 1830 a servi une cause vaincue ; mais, dans ses intentions et dans l’accomplissement de ses devoirs, elle ne s’est point trompée. Je me demande quel intérêt pourrait avoir le parti légitimiste à la froisser, à l’éloigner de lui, en attaquant un passé auquel cette jeunesse est attachée par des souvenirs honorables et des affections qu’une révolution ne fait que rendre plus pieuses et plus chères. Le parti légitimiste s’est renouvelé, lui aussi, de plusieurs générations. Nous avons dans son sein des contemporains d’âge, d’études, nous pourrions presque dire des compagnons de sentimens, de goûts, de tendances. Cette jeunesse légitimiste, placée dans un parti par la naissance et les traditions de famille, ne s’est pas mêlée aux violences de la politique ; comme nous, elle est pure des ressentimens aigres et injustes que laissent dans les cœurs les anciennes luttes. Jusqu’à la révolution de février, elle a cherché un noble aliment à son activité dans la défense des intérêts religieux et dans le patronage des institutions charitables. Nous nous sommes souvent rencontrés avec elle dans les œuvres qui ne font appel qu’aux généreuses émulations de l’esprit ou à la foi du chrétien. Entre elle et nous, l’alliance est naturelle, elle est facile, elle est faite. Que ceux qui ont plus vécu dans le passé qu’ils n’ont à vivre dans l’avenir aient assez de clairvoyance et de patriotisme pour ne pas rallumer les dissentimens que le temps efface entre les hommes que le temps rapproche.

Quelques passages de Léonie Vermont se ressentent un peu de l’esprit de présomption que des actes récents d’une certaine fraction du parti légitimiste ont trahi avec un fâcheux éclat. Certains légitimistes tirent du nom même qu’ils portent une fatuité très maladroite. Ils croient posséder, c’est à peu près leur langage, le principe, le seul principe qui puisse terminer les douloureux ébranlemens de notre pays. On a besoin de nous, disent-ils ; on sera forcé de venir à nous. Et là-dessus ils pensent pouvoir se dispenser de dissimuler leur dédain pour les fractions considérables du parti de l’ordre qui n’ont pas eu l’insigne bonheur de recevoir à la naissance le baptême légitimiste ou de ne jamais varier dans l’orthodoxie. Cette morgue est commune à tous les partis exclusifs ; elle n’est pas nouvelle chez les légitimistes. Nous l’avons vue briller très récemment au front des républicains de février ; avec quel aplomb et quelle magnanimité polie ces citoyens n’invitaient-ils pas la France à faire exclusivement à leur profit la première épreuve du suffrage universel ! La république, disaient-ils, est désormais le seul abri de la France ; la république ne peut être constituée que par des répu-