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savoir comment s’exercerait cette autorité, avec qui seraient partagés ces droits, quelle serait enfin la part des représentans du peuple dans le gouvernement de l’Allemagne. On vota bientôt le chapitre III, où le législateur institue un tribunal de l’empire (Reichsgericht) chargé de juger les querelles des états entre eux et leurs conflits avec le pouvoir central, et on arriva à l’importante question de la diète (Reichstag).

C’est le 4 décembre que cette discussion commença. Y aura-t-il deux chambres ou une assemblée unique ? Tel est le premier point en litige. Le projet de la commission établit deux chambres, la chambre des états Staatebhaus) et la chambre du peuple (Volkshaus). La première représentera les gouvernemens particuliers, qui y enverront chacun un certain nombre de députés selon leur importance réciproque ; la Prusse aura 40 délégués dans ce conseil, l’Autriche et la principauté de Lichtenstein 36, la Bavière 16, la Saxe 10, le Hanovre 10, le Wurtemberg avec les principautés de Hohenzollern-Hechingen et Sigmaringen 10, le duché de Bade 8, la Hesse-Electorale 6, etc., etc. Il y aura en tout 176 représentans. Ces représentans seront élus, moitié par les gouvernemens, moitié par les chambres. Quant à la chambre du peuple (Volkshaus), elle se compose des représentans de la nation allemande, et une loi spéciale réglera l’élection. Le premier article de ce chapitre fut l’objet d’une discussion assez vive ; M. Vogt ne voulait pas que les gouvernemens fussent représentés, il demandait une assemblée unique, comme si ce système, déjà fâcheux dans un pays vigoureusement centralisé, ne présentait pas plus d’inconvéniens et de périls dans une fédération. M. Maurice Mohl fait une proposition dans le même sens. Bien qu’il n’appartienne pas à la gauche, M. Maurice Mohl vote avec elle toutes les fois qu’il s’agit d’établir la plus grande centralisation possible en Allemagne ; M. Mohl est le vrai fanatique de l’unité, et ce ne sera pas sa faute, dit un publiciste ; si le gouvernement de l’empire ne pèse pas chaque botte de foin qui passe le Rhin à Kehl. Malgré les efforts de M. Vogt, malgré l’opiniâtreté de M. Maurice Mohl, le système des deux chambres triomphe, consacré par 331 voix contre 95. Aussitôt une foule d’amendemens sont présentés de toutes parts au sujet des articles II et III, qui règlent la composition du Staatenhaus et la répartition des voix. Tandis que la gauche demande l’élection de la chambre des états par la chambre du peuple, les députés du centre se disputent les voix partagées entre les différens pays de l’Allemagne. Chacun prêche pour son couvent, chacun glorifie sa ville et son clocher ; il y a tel conseiller aulique de Cassel ou de Gotha qui s’indigne le plus sérieusement du monde du médiocre rôle attribué au gouvernement de son grand-duc. N’oublions pas qu’il s’agit ici de mettre un terme aux longues divisions de l’Allemagne, et que cette assemblée est passionnée pour l’unité ; mais telle est la force de l’habitude, telle est l’inévitable victoire des mœurs et des passions sur les