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imposées aux autres peuples ; à quoi bon s’inquiéter des moyens ? à quoi bon la prévision des dangers de l’avenir ? Il suffit de décréter l’unité. Rendons justice à M. Dahlmann ; il comprit bien que, dans la situation actuelle de l’Allemagne et jusqu’à ce que l’unité fût sérieusement établie dans les mœurs, le veto absolu était la protection nécessaire de l’empire. Ses efforts furent inutiles ; une majorité bien faible, il est vrai, une majorité de trois voix, repoussa le veto absolu. D’un autre côté, la proposition de la gauche qui enjoignait à l’autorité centrale d’exécuter purement et simplement les décisions des chambres fut rejetée sans discussion. Puis vint une série de propositions et d’amendemens qui, conçus dans un meilleur esprit, ne furent pas cependant plus heureux. La majorité se réunit enfin sur la rédaction de M. Fallati : « Toute mesure adoptée par les chambres et repoussée par le gouvernement central peut être discutée de nouveau ; quand elle a été votée dans trois sessions consécutives, elle n’a plus besoin de la sanction du gouvernement pour devenir loi de l’empire. »

Tandis qu’on délibérait sur cet important chapitre des deux chambres, les préoccupations des esprits au sujet de l’Autriche s’accroissaient de jour en jour. Il ne s’agissait plus d’une révolution désormais comprimée, il ne s’agissait même pas des vengeances de la réaction ; un régime plus miséricordieux avait succédé aux cruelles nécessités de l’état de siége. Ce qui inquiétait ou irritait les députés de Saint-Paul, c’était l’attitude du gouvernement autrichien au sujet des §§ 2 et 3 du chapitre I de la constitution, c’était la réponse ferme et hautaine que le ministère Schwarzenberg venait de signifier au parlement. Le ministère Schwarzenberg, en prenant le pouvoir, avait fait connaître son programme par la note du 27 novembre. Le maintien de l’Autriche avec toutes ses forces, la fusion de toutes les races et de tous les territoires en un grand corps d’états, tel était le but que se proposait M. le prince de Schwarzenberg. « La ferme durée de la monarchie autrichienne avec la complète unité de tous les états qu’elle embrasse, c’est là, disait-il, un impérieux besoin et pour l’Allemagne et pour l’Europe. Quant aux rapports à établir entre l’Autriche et l’Allemagne nouvelle, on ne pourra s’en occuper que lorsqu’elles auront accompli toutes les deux leur travail de rajeunissement et qu’elles se seront donné de solides institutions. Jusque-là, l’Autriche continuera à remplir fidèlement ses devoirs. Dans toutes les relations extérieures, nous saurons défendre la dignité et les intérêts de l’empire autrichien, et nous ne permettrons à aucune influence égarée de troubler le libre travail de notre développement intérieur. » Le programme était clair, et la menace directe. L’Autriche n’accepte pas votre constitution, disait le ministère d’Ollmütz ; elle réserve toute sa liberté et continue sa vraie mission, qui est d’unir fortement toutes les parties de la monarchie. Maintenant faites des lois, créez des institutions ; quand la nouvelle