Je ne fais plus de littérature. Je veux entrer à l’Académie comme homme politique.
C’est meilleur genre. Holà ! Fritz, mon habit !
Que les délégués des divers corps d’état s’approchent et me déclarent, chacun à son tour, quelle profession et combien de citoyens de cette profession ils représentent.
Nous sommes ici quatre cents typographes, presque tous pères de famille. Les imprimeries sont fermées ; la suppression totale des journaux nous a plongés dans la plus profonde misère. Nous demandons qu’on rétablisse la liberté de la presse. La république sociale sait quels services nous lui avons rendus. Veut-elle nous laisser mourir de faim ?
Si la république sociale rétablissait la liberté de la presse, elle périrait elle-même. Quel est le typographe assez ennemi de la république sociale et de l’humanité pour vouloir mettre son art au service des royalistes et des réactionnaires ? Ce traître ne se trouve pas parmi vous.
Quand nous combattions pour l’avènement de la république sociale, nous pensions qu’elle ne craindrait pas la discussion.
Elle ne la craint pas, elle la dédaigne, et elle agit sans discuter. Pensez-vous qu’il y ait de bonnes raisons à donner contre la république sociale ?
Non sans doute.
Que servirait donc de les produire ?… À un autre.
Nous sommes là trois cents carrossiers ; aucun de nous n’a travaillé depuis quatre mois ; plusieurs n’ont pas mangé depuis deux jours : nous avons femmes et enfans ; nous demandons de l’ouvrage.
La république n’encourage pas les industries de luxe. Les socialistes sont tous égaux.
Quand on nous disait que nous serions tous égaux, nous entendions que nous pourrions aller tous en carrosse.
Tel est l’heureux avenir que notre glorieuse révolution réserve à l’humanité ;
