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De la comparaison des statistiques officielles de l’Espagne avec celles de l’Angleterre, de la France et de la Belgique, qui n’ont aucun intérêt à exagérer l’évaluation des produits qu’elles exportent, il résulte que la contrebande avait, dans l’importation espagnole des lainages, soieries et toileries, une part d’à peu près 10,000,000
Sur les autres articles mentionnés précédemment, une baisse de prix de 10 pour 100 doit provoquer un excédant proportionnel de consommation, soit 10,000,000
Dès que le nouveau tarif aura produit ses conséquences naturelles, l’Espagne verra donc s’ouvrir un surcroît de débouchés, qui provoquera chez elle un surcroît de production et de richesse d’une valeur annuelle de 92,000,000 fr.

Une bonne partie de cet excédant s’éparpillera en salaires, se traduira par de nouveaux accroissemens de consommation, et ira, sur les marchés extérieurs, créer de nouveaux droits de réciprocité à la production espagnole. Le reste se convertira en capitaux industriels et agricoles, et fomentera annuellement à l’intérieur la production de valeurs décuples. Si l’on étudie ces contre-coups de production et de consommation pour une période de dix années, les chiffres s’amoncellent, les progressions se précipitent avec une merveilleuse rapidité.

L’état n’a rien à envier au consommateur et au producteur.


L’anéantissement de la contrebande a pour premier résultat politique et financier d’enlever aux tentatives séditieuses un budget considérable et une armée de soixante mille hommes. En supposant que, dans ces conditions de sécurité, le budget de la guerre puisse être réduit d’un quart seulement, ce sera là déjà pour le trésor une économie annuelle de plus de 20,000,000 fr.
Un droit moyen de 37 pour 100 sur l’importation des cotons rapportera au fisc à peu près autant 20,000,000
En prenant 40 pour 100 comme moyenne des droits à prélever sur les lainages, soieries, toileries dont l’importation échappait jusqu’ici à l’action de la douane, on trouve un autre excédant de recettes de 4,000,000
Pour tenir compte de quelques déficits possibles, nous négligeons les accroissemens probables qui se manifesteront pour les autres articles. Reste l’augmentation de matières imposables qui résultera de l’accroissement progressif de la production nationale. En nous en tenant à 92 millions, premier terme de cette progression, et en n’évaluant la totalité des impôts directs et indirects qui l’atteindront au passage qu’à 20 pour 100, nous arrivons à un autre surcroît de revenu de 19,000,000
Ce qui porte, sous forme de dépenses en moins et de recettes en plus, le bénéfice presque immédiat du trésor à 63,000,000 fr.

C’est près d’un quart d’augmentation sur le budget des recettes.