J’ai connu un homme qui avait passé par toutes les phases possibles de déception. Sa vie est une des plus dramatiques que je connaisse, bien que le drame de son existence ait été tout intellectuel. C’était une nature qui n’avait rien de réel, et qui était arrêtée à chaque instant par la réalité. Il avait cru au beau et au bien, à ce qui est idéal ; il avait cru à l’utile, au visible, à ce qui est actuel et concret. Il avait aimé les choses de ce monde à ce point qu’il était parvenu à se créer un infini dans toutes ces pauvres choses fragiles et limitées. Il avait tout essayé, il n’avait jamais réussi à exécuter aucun de ses projets. Il lui manquait la connaissance du possible et l’intelligence de la mesure qui marque, compte et établit les degrés à monter. Grace à sa croyance aux choses infinies, il n’y avait jamais pour lui ni commencement ni fin. Il n’apercevait de limites nulle part et il rencontrait partout des