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budget de 1850, vous y verrez figurer, à titre de recettes ordinaires, les versemens des compagnies, tandis que les travaux extraordinaires dont ces versemens sont le prix figurent, à titre de découverts, dans l’exposé des motifs ! Que les écritures doivent être tenues ainsi, cela se peut, et nous ne voulons y contredire ; mais, dans l’exposé des motifs, il s’agit de la responsabilité du dernier gouvernement, et non pas de l’ordre des écritures. Le gouvernement provisoire a long-temps abusé contre les finances de la monarchie de cet art de grouper les chiffres : il était digne de la loyauté de M. le ministre des finances d’empêcher que l’opinion publique fut plus long-temps trompée par les fausses apparences d’une comptabilité qui met les avances au passif de la monarchie et les recouvremens à l’actif de la république.

Nous avons donc le droit de conclure que, pour tous les services, les finances de la monarchie étaient parfaitement liquides à sa chute. Que seraient-elles devenues dans l’avenir ? Nous sortons ici du domaine des faits pour entrer dans celui des conjectures ; n’importe, nous y suivrons les plus ardens ennemis du dernier gouvernement, nous démontrerons la fausseté de leurs hypothèses ; mais c’est avec ces hypothèses même que nous essaierons de dire quel eût été l’avenir.

Trois accusations ont été dirigées contre le dernier gouvernement : il a, dit-on, exagéré les dépenses ordinaires, et il ne pouvait plus désormais régler un budget sans déficit ; il a exagéré la dépense extraordinaire des travaux publics, et il avait contracté des engagemens qu’il n’aurait pas pu remplir ; il a exagéré enfin la dette flottante, et il avait par-là préparé pour lui-même les embarras financiers sous lesquels a fléchi le gouvernement qui l’a remplacé.

Examinons successivement ces trois reproches.

Les dépenses ordinaires se sont accrues sous la monarchie de 1830 : le fait est incontestable. Quelles sont les causes de cet accroissement ?

Le budget des dépenses se divise en plusieurs parties : la dette publique, les frais de perception du revenu public, les restitutions opérées sur ce revenu, les services généraux des divers départemens ministériels.

La dette publique représente les engagemens du passé et les emprunts faits à l’avenir. Nous avons vu quelle était la part du gouvernement de juillet dans la dette publique ; nous nous contentons de rappeler qu’il a largement payé cette part par plus de 1,500 millions de grands travaux exécutés pendant sa durée[1].


  1. Travaux faits en dehors des lois de 1841 et de 1842. Voir l’état ci-dessus, page 900 647,000,000 fr
    Travaux exécutés en vertu de la loi du 25 juin 1841 450,000,000
    Travaux exécutés en vertu de la loi du 11 juin 1842 441,000,000
    TOTAL 1,538,000,000 fr