Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/926

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Parvenu au terme d’un long examen, nous voudrions en résumer dans quelques lignes les principaux résultats. Le produit des contributions directes, presque uniquement accru par des impositions locales que des travaux utiles remboursaient en plus-value ; le produit des contributions indirectes prodigieusement accru par le progrès inoui de la richesse publique ; l’accroissement de la dette publique payé par de grands ouvrages qui représentent la valeur de cet accroissement ; les règles de l’amortissement religieusement observées, même au-delà des promesses faites aux créanciers de l’état ; la stabilité du crédit public rendant disponible une réserve considérable, réserve dont une partie suffisait pour assurer dans les circonstances les plus malheureuses, l’équilibre des budgets, et dont le reste était la dotation naturelle des travaux extraordinaires ; l’Algérie conquise et pacifiée ; une armée de terre et de mer nombreuse, vaillante, disciplinée ; tous les services civils améliorés ; le progrès moral recherché à l’égal du progrès matériel ; l’instruction primaire répandue, l’instruction supérieure agrandie, de nouvelles succursales à côté de nouvelles écoles ; l’activité du gouvernement présidant à l’activité du pays, de grands travaux, de grands projets, de grandes ressources, les recettes publiques s’élevant sans cesse, les économies de la paix employées à rendre cette paix féconde ; le passé réglé, le présent facile, l’avenir assuré : tel est le testament financier de la monarchie.

Nous croyons l’avoir dégagée de la responsabilité des nouveaux emprunts et des nouveaux impôts qu’annonce M. le ministre des finances. Faut-il maintenant indiquer l’origine de ces nécessités pénibles ? Cette origine n’est que trop évidente : si le passé est innocent, c’est le présent qui est responsable. Nous trouverons écrites à toutes les pages du budget les preuves de cette responsabilité. Indiquons-les rapidement, car il ne peut nous plaire de nous appesantir sur des fautes ou sur des malheurs.

La rupture de l’équilibre des budgets a trois causes principales : l’accroissement considérable de la dette publique, l’augmentation des dépenses, et la diminution des recettes ordinaires.

En quinze mois, la dette publique s’est accrue de 70 millions de rentes ; l’annulation de 8 millions de rentes appartenant aux caisses d’épargne a réduit ce chiffre à 62 millions. Sur ces 62 millions, M. le ministre des finances en met 36 à la charge du dernier gouvernement, parce qu’ils ont été employés à rembourser les versemens des caisses d’épargne qu’il avait reçus et les bons du trésor qu’il avait émis. Une première observation nous frappe : le passif des caisses d’épargne a été remboursé ; mais n’avaient-elles pas un actif ? Ne possédaient-elles pas, en rentes ou en actions sur les canaux, environ 11 millions et demi de revenus ? L’état n’en a-t-il pas disposé comme de valeurs à lui