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SACS ET PARCHEMINS.




DEUXIÈME PARTIE.[1]


Séparateur


V.


Après un temps de galop sur un terrain ferme et uni, Mlle Levrault débouchait dans une vallée étroite et s’arrêtait au pied d’un château qui, bien que mutilé par les ans, gardait encore quelque chose de seigneurial, et se carrait dans sa vétusté comme un hidalgo dans son manteau troué. La nature, toujours bienfaisante, avait mis sur toutes ses blessures un appareil de verdure et de fleurs. Les joncs, les saules, les glaïeuls, croissaient dans les fossés où chantaient les rainettes. Le lierre et les ronces grimpaient jusqu’au front des tours ; de toutes les fentes, de toutes les crevasses pendaient des touffes de ravenelle, de mille-pertuis et de pariétaire. Un perron de dix degrés montait fièrement de la cour dans le vestibule. Les alentours étaient agrestes, même un peu sauvages. Les fabriques et les manufactures n’avaient pas pénétré jusque-là. La Sèvres ne réfléchissait que le luxe de ses ombrages. Le village, qui s’étendait à deux portées de fusil du manoir, n’offrait à

  1. Voyez la livraison du 1er septembre.