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des autres ? La marine est une profession favorite : personne ne veut voir altérer son efficacité ; mais personne ne défendra la manière extravagante dont elle est dirigée. »

Un seul avantage, selon moi, ressort du système anglais, et cet avantage n’en est un que pour l’Angleterre : c’est celui de permettre que deux membres du conseil, — il en faut toujours deux réunis pour prendre une décisions qui est alors définitive, — que deux lords de l’amirauté, qui équivalent ainsi à un ministre, se transportent instantanément, grace aux rapides moyens de communication, dans chaque arsenal où ils inspectent et décident. Pendant que ces deux lords sont loin de Londres, deux autres lords peuvent encore s’absenter pour leurs devoirs parlementaires, car ils sont ordinairement membres du parlement, ou pour toute autre cause, et il reste à l’administration centrale deux lords qui forment encore un ministre et qui donnent des signatures. Tel est je crois, le seul avantage d’un ministère composé d’un conseil unique c’est celui de se multiplier ; encore fau-il qu’il ait le pouvoir légal : de se diviser et d’agir ainsi divisé. Une semblable organisation n’est pas d’accord avec nos idées, et on n’en trouve pas d’exemple chez nous.

Il serrait trop long et superflu surtout de détailler ici la constitution, et le mode de procéder de l’amirauté anglaise, car il n’est pas probable que nous l’adoptions. Nous tendons à établir un système moyen, c’est-à-dire toujours un ministre unique et un conseil d’amirauté permanent, fortement constitué, consultatif seulement, mais obligatoirement consultatif, à l’abri de toutes les vicissitudes ministérielles et parlementaires ; en un mot un conseil stable près d’un ministre instable.

Dans tout ce qui précède, j’ai toujours pris l’Angleterre comme terme de comparaisons ; je n’ai fait ainsi que suivre1es erremens de ceux que je réfutais. On a signalé à la tribune, pour en faire un texte contre nous, les avantages que les Anglais ont sur nous. Le choix des exemples j’aurais pu en citer dans le sens inverse. Les avantages dont les Anglais jouissent sont de deux sortes ceux qui proviennent du mode d’administrer la marine, — ils sont en petit nombre, il est en notre pouvoir de les faire disparaître, et ceux qui proviennent des causes que nous ne pouvons malheureusement pas balancer. — Ces derniers sont en grand nombre : la position insulaire, qui offre un grand développement de côtes, et rend la marine un instrument obligé pour tous ; la situation géographique des ports militaires, qui leur permet de se relier très facilement à la capitale ; la marine du commerce, aussi importante que celles de toutes les autres nations réunies ; des ressources inépuisables en charbon de la meilleure qualité ; le caractère national si calme, si persévérant, si hiérarchique ; l’éducation première, qui rend intelligible