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coup à Madrid, et que de la nôtre personne ne parle. Encore une fois, il est temps d’agir, et plaise à Dieu qu’il soit encore temps !

On a interprété de mille manières différentes la politique du cabinet espagnol dans les affaires de Rome, et il importe de rectifier ces versions dénuées d’exactitude. Cette politique embrasse deux points : l’envoi d’une expédition militaire et les instructions données à l’ambassadeur d’Espagne près du saint-siège. Quant à l’expédition, elle n’a eu d’autre but que de se placer immédiatement sous les ordres de sa sainteté, pour qu’elle en disposât comme elle le jugerait le plus convenable à sa dignité et à sa politique. Le cabinet de Madrid a seulement exprimé le vœu que les soldats espagnols eussent l’honneur de garder la personne de sa sainteté, surtout dans le cas où quelque danger viendrait à la menacer. C’est ainsi que le général Cordova n’a pas tenté la moindre opération sans prendre les instructions spéciales du souverain pontife. Pour ce qui regarde la diplomatie, le gouvernement espagnol a fait déclarer au pape, dès le commencement, qu’il ne voulait pas diriger sa politique ni exercer la moindre influence dans ses résolutions ; qu’il ne croyait pas convenable que le souverain de Rome fût assujetti à l’action directe d’un cabinet étranger ; que toutes les puissances catholiques étaient vivement intéressées à ce que le pape se maintint dans la pleine jouissance de son pouvoir et dans l’exercice le plus illimité de sa liberté ; que si cependant sa sainteté consentait à recevoir les avis et à répondre aux vœux du cabinet espagnol, il la conjurerait d’éloigner de ses conseils toute idée de réaction dans le sens du retour à un régime absolu. Le saint-père, ayant donné spontanément à ses peuples des institutions libérales, ne pourrait les retirer sans provoquer de nouveaux désordres et sans donner prise aux calomnies des ennemis du saint-siège et de la personne de Pie IX. L’Espagne, pays constitutionnel, pénétré, par sa propre expérience, des avantages de ce régime, ne pourrait pas, sans tomber dans une contradiction choquante, prêter main-forte à l’introduction d’un ordre de choses contraire. Le cabinet espagnol croit que le peuple romain ne s’est pas rendu indigne des bienfaits qui signalèrent l’avènement du pape actuel, et il saluerait avec joie et reconnaissance le rétablissement complet des institutions qui rendirent le nom de Pie IX si populaire dans le monde. L’ambassadeur d’Espagne à Rome n’a pas cessé de parler dans ce sens ; et il ne s’est uni aux représentans des autres puissances que quand il les a trouvés animés par les mêmes sentimens.

Les Pays-Bas assistent depuis quelques jours à un spectacle qui a pour eux tout le piquant de la rareté : celui d’une crise ministérielle. L’avant-dernière session s’était terminée par quelques débats assez vifs sur le renouvellement du contrat entre l’état et la société de commerce, débats dans lesquels l’avantage était, en fin de compte, resté au ministère. Dans le cours de la nouvelle session, la situation n’a pas tardé à s’aggraver pour le cabinet. Le discours du trône, bien qu’offrant un tableau satisfaisant de l’état des finances, avait paru généralement pâle au point de vue politique. Aussi la discussion de l’adresse s’est-elle terminée récemment par un échec grave pour le ministère, auquel on reprochait d’avoir laissé à l’état de théorie les principes consacrés par la nouvelle constitution, et de manquer de l’énergie nécessaire pour asseoir sur cette base les lois organiques attendues par le pays. Déjà affaibli par la re-