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LA


GARDE MOBILE.




SOUVENIRS DES PREMIERS TEMPS DE LA RÉVOLUTION DE FÉVRIER.




Je demande de l’indulgence, je désirerais même de la sympathie, pour ces souvenirs d’un temps agité, recueillis au milieu, des soucis de la vie militaire, et que je n’ai point le temps de vêtir des formes littéraires telles que je les aime et les conçois. Je le dis bien franchement et non point par artifice aucun de langage : j’écris tout-à-fait en soldat des choses que j’ai pensées et senties en soldat. J’aurais pu ne pas livrer ces impressions au public ; c’est ce que je ferais, si elles étaient uniquement celles de mon cœur. Ce qui est notre ame, tout-à-fait notre ame, me semble chose qu’il est bon de garder pour soi, pour ceux qu’on aime et pour Dieu. J’ai dit un jour ce que je pensais des confidences d’un grand poète ; mais il s’agit ici des battemens d’un autre cœur que le mien. L’ame qu’on sentira respirer, je l’espère, sous ce que j’écris n’est pas la mienne, ou du moins n’en est qu’une partie. C’est de la vie d’une famille qu’il s’agira, d’une famille dont je serai toujours fier, malgré ce qu’il y a quelquefois d’un peu étrange dans ses mœurs.

La littérature de bas étage a jusqu’à présent produit seule sur la scène et dans le roman ce type qu’on appelle le gamin de Paris. C’est un type qui réclamerait cependant un talent comme celui de Pétrone.