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de la conquête. Avec la division du sol et des capitaux qui existe chez nous, la taxe lest pauvres n’aurait pas de sens ; elle deviendrait même une faute inexcusable, et conduirait très certainement les individus, à l’inaction, le pays entier à la ruine. Cependant nous croyons que l’on peut doter plus efficacement les bureaux de bienfaisance ; ils feraient certainement un bon emploi d’une subvention double et triple de celle qui leur est attribuée par l’état et par les conseils locaux. C’est là une admirable, institution, qui, par l’assistance donnée à propos, peut prévenir encore plus que secourir bien des misères.

Après avoir recherché les analogies comme les différences qui existent entre les dépenses publiques de la France et celles de l’Angleterre, il n’est pas sans intérêt d’examiner les modifications que ces dépenses ont subies depuis le commencement du siècle, et de rapprocher les évaluations de 1850 des budgets de l’empire, de la restauration et de la monarchie de juillet.

Commençons par l’empire. Les budgets de cette époque étaient bien sommaires, et les comptes de l’administration des finances ne prodiguaient pas les détails. Le corps législatif votait un budget en huit jours ; le public ne s’attendait pas à recevoir, et le gouvernement ne croyait pas lui devoir des comptes. Pourtant c’était une époque d’ordre autant que de gloire. L’empereur, qui ne comprenait peut-être pas le mécanisme ni les ressources du crédit, n’en abusait pas du moins et s’efforçait, malgré les nécessités de la guerre, d’établir avec une louable sévérité l’équilibre entre le dépenses et les recettes. Les revenus de l’état allaient croissant[1], et l’on s’était même trouvé en mesure de faire remise, en 1807, à la propriété foncière de dix centimes additionnels qui s’élevaient à 20 millions. Les dépenses de la guerre augmentaient seules, et les contributions militaires frappées sur les pays étrangers en défrayaient une partie. Il a fallu les désastres de 1812 et de 1813 pour déterminer, au moment où la France avait besoin de toutes ses ressources pour lutter contre l’invasion, la spoliation des communes, acte inique et qui ne reçut par bonheur qu’un commencement d’exécution.

Voici le budget des dépenses en 1810, que l’on peut considérer comme le budget normal de l’empire. L’empire embrassait alors cent huit départemens.


Dette publique et pensions 112,352,000 fr.
Liste civile et princes français 27,300,000
Grand juge (ministère de la justice) 22,500,000
  1. « Ces recettes se sont élevées pour 1808 à 772 millions ; pour 1809 à 786 millions ; elles doivent monter pour 1810 à 795 millions. » (Compte rendu des finances.)