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de deux mille pieds calculée sur le même niveau. Cette configuration du sol ne lui permettait pas d’espérer qu’aucune rivière traversât le continent aussi lien dans toute sa largeur. En effet, après avoir suivi assez long-temps la Lachlan en bateau, il parvint à un vaste marais où cette rivière semblait se perdre. Le voyageur réussit pourtant à contourner à pied ces eaux stagnantes. Au-delà, il retrouva le cours de la rivière, et il essaya de le suivre ; mais cette honorable persistance ne servit qu’à l’amener en des plaines stériles sujettes évidemment à des inondations périodiques, où la Lachlan éparpillait ses eaux et formait des milliers de lagunes. Pour arriver en ce lieu, il avait fallu six semaines de fatigues extrêmes. Le cours de la Lachlan, y compris ses détours, à onze cents milles de longueur.

Au mois de mai 1818, M. Oxley fit un nouveau voyage pour autre rivière, la Macquarie, coulant également des Montagnes Bleues vers l’intérieur, à travers un pays dont la fertilité est très grande. M. Oxley et ses compagnons naviguèrent pendant plusieurs semaines dans une vallée magnifique, qui fut nommée Wellington. À la fin du mois de juin seulement, il sortirent de Wellington-Walley, et se trouvèrent au milieu d’un pays où la rivière ne tarda pas à sortir de son lit. Comme le courant se faisait toujours sentir et continuait à être profond, ils poursuivirent leur route. Peu à peu, le fond s’abaissa jusqu’à se rapprocher à cinq pieds du niveau de la plaine ; puis les voyageurs, dont le courant semblait défier la constance, furent conduits, à travers des roseaux, jusqu’à un endroit où ils perdirent entièrement la vue de la terre et des arbres. Enfin les eaux se répandirent de toutes parts, cessant d’avoir un cours régulier, et M. Oxley dut renoncer à continuer ses recherches.

Le résultat de ces explorations servit de base à deux genres d’hypothèses. Les uns crurent à l’existence d’un lac permanent, sorte de mer centrale, qui recevait les eaux coulant vers l’intérieur ; les autres admirent la probabilité de débordemens périodiques qui auraient mêlé entre elles toutes les rivières de l’Australie, jusqu’au moment où, la saison des crues étant passée, chaque rivière serait rentrée dans son lit pour aboutir à quelque réceptacle général des eaux qui les conduisait dans l’Océan. Cette dernière conjecture se trouva juste, car en 1830 le capitaine Sturt découvrit une large et profonde rivière, la Murray, dont les bords étaient ornés d’une végétation admirable. La Murray coulait au sud-est en nappes qui n’avaient pas moins de quatre cents pieds de large : elle amena M. Sturt et ses compagnons à un vaste lac dont l’eau, douce jusqu’à sept milles de l’embouchure de la rivière devenait saumâtre à distance, et tout-à-fait salée à cinq lieues plus loin. Les voyageurs en conclurent naturellement que ce lac était en communication avec la mer. En effet, mettant pied à terre, ils se trouvèrent bientôt sur les bords de l’Océan à l’endroit où les Anglais ont fondé depuis lors la colonie de l’Australie du Sud. Le lac fut nommé lac Alexander ; il communique avec la mer par plusieurs passages navigables pour les barques. Il a été constaté par la suite que toutes les rivières issues des sources placées sur les flancs occidentaux des Montagnes bleues, et coulant jusqu’à la distance, en droite ligne, de six cents milles dans l’intérieur, aboutissent par deux artères principales, la Darling et Morrumbidgy, dans la Murray, qui les conduit à la mer. Toute cette étendue de pays